Essence ou pas d’essence? Telle est la question qui rythme désormais la vie des Libanais. Entre rumeurs, fake news, peur de manquer, le week-end dernier plusieurs stations d’essence on fermé et d’autres ont vu d’interminables files se former devant elles, ce qui n’est pas sans rappeler le cauchemar de l’été de l’année dernière.

Durant tout le week-end écoulé, le ministre de l’Énergie Walid Fayad et le représentant des distributeurs de carburant Fadi Abou Chakra se sont évertués à dire que l’essence est disponible et qu’il n’y a pas de pénurie. Peine perdue les propriétaires des stations-service ont mis la clé sous la porte et celles qui sont resteés ouvertes ont vu d’interminables files se former devant elles.

Mais il n’y a pas de fumée sans feu. Le problème est là, latent depuis plusieurs mois: la Banque du Liban ne pourra plus soutenir pour longtemps le peu qu’elle subventionne de l’essence, au regard de ses réserves qui fondent à la vitesse grand V.

En effet, la BDL voudrait arrêter d’indexer le taux de change pour  l’essence sur base de la plateforme Sayrafa (24.900LL) et tarifier celle-ci sur le taux du marché parallèle (28.350 LL), selon Georges Brax, porte-parole du syndicat des propriétaires de stations-service. Aujourd’hui, les 20 litres d’essence sont à 27,5 dollars, soit 687.000 LL selon Sayrafa. Si en revanche l’essence est indexée sur le marché parallèle, le prix des 20 litres sera de 780.000 LL. Soit environ 100.000 LL de plus.

Depuis septembre dernier, le tarif en livres libanaises de l’essence est fixé par le ministère de l’Énergie et de l’Eau en fonction du cours mondial du pétrole, et des fluctuations de la plateforme Sayrafa de la Banque du Liban. Cette différence est considérée comme étant une subvention sur l’essence. Une fois celle-ci levée, le prix du bidon sera affiché en dollar par les stations-service et le taux du jour du dollar fixé par le ministère de l’Énergie. L’acheteur, pourra payer soit en livre soit en dollar.

La dollarisation du prix de l’essence a cependant été démentie par le ministère de l’Énergie. De plus, " L’essence est disponible et il n’y a pas de pénurie ", ajoute-t-il.

Selon un propriétaire de station-service toutefois, la fermeture de la majorité des stations était due à un retard de livraison de carburants par une des sociétés importatrices, ce qui a semé un vent de panique. En effet, le navire a tardé à accoster et décharger sa cargaison. Mais lundi, miracle! Le navire est arrivé et a vidé son contenu dans les réservoirs de la société, puis d’autres compagnies qui avaient du stock ont commencé à livrer dès l’aube. Du coup, lundi toutes les stations étaient ouvertes et vendaient de l’essence. Les pompistes avaient pensé que les tarifs allaient augmenter, ils ont donc voulu garder leurs réseves dans le but d’effectuer une plus value. Il n’empêche, les Libanais n’en peuvent plus de ce chantage permanent dont ils paient cher le prix.