Le ministre de l’Énergie du gouvernement intérimaire Walid Fayad se rendra lundi en Irak dans une nouvelle tentative de renouveler le contrat sur l’importation de gazole pour alimenter les centrales de Deir Ammar et de Zahrani, leur permettant ainsi de produire de l’électricité à nouveau.

Le déplacement du ministre de l’Énergie intervient avant la fin du contrat actuel avec l’Irak, qui arrive à échéance à la fin du mois de septembre, sachant qu’il n’y a pas d’alternatives disponibles jusqu’à présent pour remplacer le fournisseur irakien. Cependant, l’Irak pourrait imposer de nouvelles conditions pour prolonger le contrat, d’autant qu’il n’a toujours pas encaissé la somme correspondant aux livraisons effectuées jusque-là pour le Liban, soit une créance cumulée de plus de 500 millions de dollars.

L’empressement du ministre Fayad de se rendre en Irak s’explique par les messages américains selon lesquels les parties concernées ne pourront pas acheminer le gaz et l’électricité de l’Égypte et de la Jordanie de sitôt. En effet, l’Égypte et la Jordanie n’ont toujours pas reçu de garanties fermes concernant les risques encourus par la loi César qui impose des sanctions au régime syrien et à tous ceux qui collaborent avec lui. Sans compter que la Banque mondiale n’a toujours pas décidé du processus de financement, puisque la réponse du Liban au sujet de certaines conditions qu’elle exige se fait toujours attendre.

Selon les informations recueillies, les exigences et les conditions des États-Unis et de la Banque mondiale se présentent comme suit :

1. Une lettre du Premier ministre Nagib Mikati ou une décision du Conseil des ministres d’augmenter les tarifs d’électricité dès la réception du gaz égyptien par la centrale de Deir Ammar, ainsi qu’un engagement de l’État, si la collecte n’est pas suffisante pour rembourser les prêts de la Banque mondiale, de couvrir la différence.

2. Une démarche pour lancer concrètement les procédures de nomination de l’autorité de régulation de l’électricité.

3. Adopter l’euro au lieu du dollar dans les contrats avec l’Égypte et la Jordanie pour acheminer le gaz et l’électricité afin d’éviter à des banques américaines d’être frappées par les sanctions imposées par la loi de César.

4. Les États-Unis s’efforcent de vérifier que le processus d’acheminement du gaz, en particulier dans la partie syrienne, n’implique pas des entreprises ou des personnes russes faisant l’objet de sanctions liées à la guerre en Ukraine.

Les sources du ministère de l’Énergie voient dans certaines de ces conditions un appui aux revendications déjà avancées par le ministre Fayad, notamment en termes d’augmentation des tarifs. Néanmoins, ces sources évoquent parallèlement les difficultés à entamer le processus de formation de l’autorité de régulation. De plus, le ministère sera contraint de consulter les autorités égyptiennes et jordaniennes concernées au sujet du changement des modalités de paiement afin d’adopter l’euro au lieu du dollar.

Il reste que le ministre Fayad continue de bénéficier du soutien des Américains, qui nient exiger son limogeage du ministère de l’Énergie. À ce titre, l’ambassadrice américaine au Liban, Dorothy Shea, lui a fait part de sa disposition à apparaître dans les médias afin de réfuter toutes ces rumeurs, ont indiqué les sources précitées.