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La guerre qui fait rage actuellement à Gaza entre l’armée israélienne et le mouvement Hamas place la région devant l’alternative suivante: soit les négociations en cours au Qatar et à Oman réussissent à désamorcer la crise ; soit elles échouent et, dans ce cas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu risque de précipiter la région entière dans une guerre totale qui s’étendrait à tous les fronts.

Cette troisième semaine de combats qui font rage à Gaza pourrait bien marquer la dernière phase du conflit israélo-palestinien, selon des sources arabes qui suivent les négociations. "On assiste à des avancées concernant le dossier des otages, lequel nécessite une période de calme pour faire le point de la situation", précisent les sources arabes.

Le temps presse et Israël poursuit sa guerre terrestre, faisant fi de l’approbation par l’Assemblée générale des Nations Unies d’un projet de résolution appelant à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et permanent à Gaza. Israël et les États-Unis rejettent tout projet de trêve avant que Netanyahu n’achève la "stratégie" qu’il a mise en place pour rétablir la crédibilité de l’armée et des services de renseignement, et pour se réhabiliter politiquement après la campagne qui le vise et l’accable. On lui attribue, en effet, la responsabilité de la débâcle d’Israël le 7 octobre dernier lorsque le Hamas a lancé l’opération "Déluge d’Al-Aqsa", tirant des missiles sur Tel-Aviv, pénétrant dans les colonies de l’enveloppe de Gaza et laissant dans son sillage des morts, des destructions, en enlevant de surcroît un nombre considérable d’otages, estimés à 230.

Les développements sur le terrain s’accompagnent de réunions tenues au Qatar et à Oman, visant à mettre fin aux opérations militaires, à libérer tous les otages, et à entamer des négociations pour une solution globale.

Selon un responsable arabe, les parties en conflit participent à ces réunions en présence d’officiers de sécurité américains et iraniens. Selon certaines informations, les négociateurs ne sont pas d’accord sur l’ordre du jour ni sur les priorités à donner aux dossiers. Dans ce contexte, Netanyahu insiste sur la "fin militaire du Hamas" et l’évacuation de ses combattants de Gaza ; quant aux Palestiniens, ils refusent tout "transfert", et l’Égypte s’oppose également à l’idée du transfert des Palestiniens de Gaza vers le Sinaï.

Selon des sources occidentales bien informées, plusieurs scénarios sont à l’étude, dont une trêve humanitaire, un arrêt des opérations militaires, l’acheminement de l’aide humanitaire, la libération de tous les otages, l’évacuation militaire du Hamas de Gaza, et le déploiement d’une force arabe à l’intérieur de la bande territoriale pour maintenir l’ordre, superviser la distribution de l’aide, et s’assurer de l’élimination des tunnels. Viendra ensuite le processus de reconstruction et l’étape du cessez-le-feu permanent. Tout cela devrait aller de pair avec le début des négociations et des projets de solutions politiques pour une paix juste et globale.

Ce scénario est confronté à l’opposition de Netanyahu pour ce qui a trait à l’établissement d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem comme capitale. Il est soutenu par des forces politiques américaines, ce qui rend toute solution impossible en dehors de l’option des deux États, alors que Netanyahu insiste sur l’Etat d’Israël et l’intégration des Palestiniens en son sein, comme ce fut le cas pour les Palestiniens de 1948, avec des députés arabes à la Knesset.

Si Israël rejette la solution à deux États, les Arabes menacent de mettre fin à la normalisation et d’abandonner les accords d’Abraham, alors que Washington, avant "le Déluge d’Al-Aqsa", avait misé sur la normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël avant la fin de l’année. Par conséquent, Washington ne peut abandonner cette solution, vu que le président américain Joe Biden se prépare à se présenter aux élections présidentielles dans un an, et qu’il avait misé sur la carte de la normalisation et la paix dans la région, qu’il considère comme son atout majeur face à son adversaire républicain, qui pourrait être Donald Trump.

Dans le même temps, et dans un effort visant à trouver une solution à la guerre en cours, les États-Unis mènent des négociations avec la République islamique  iranienne pour discuter du dossier du nucléaire et la pousser à revenir à l’accord, à réduire son enrichissement en uranium et à renoncer à l’arme nucléaire ; sachant que l’Arabie saoudite revendique elle-même le nucléaire le cas échéant.

Selon certaines informations, il semblerait que l’Iran préfère garder le dossier du nucléaire comme dernier point des négociations avec Washington afin d’accorder la priorité à la question palestinienne, à travers la solution des deux États. Cette position serait contestée par les États-Unis qui préfèrent que leurs négociations avec l’Iran portent d’abord sur le nucléaire, avant d’aborder d’autres dossiers, car Washington cherche une paix juste et globale au Moyen-Orient.

Selon ces mêmes sources, les flottes américaines dans la région ne seraient pas là pour faire la guerre, mais plutôt pour l’éviter et œuvrer en faveur d’un nouveau Moyen-Orient sans armes. Washington aurait ainsi précipité la résolution de la question des frontières maritimes entre le Liban et Israël, dans l’intérêt dudit nouveau Moyen-Orient. L’émissaire américain Amos Hochstein retournera au Liban dès que les opérations militaires cesseront pour délimiter les frontières terrestres entre le Liban et Israël, y compris la région de Chebaa. Il complètera cette démarche vers l’Est en délimitant les frontières terrestres et maritimes entre le Liban et la Syrie, en les contrôlant, et en élargissant les missions de la Finul au sud et à l’est pour aider l’armée libanaise à surveiller la frontière avec la Syrie, afin de prévenir les infiltrations et la contrebande.

Des sources palestiniennes affirment que si Netanyahu persiste dans son plan visant à mettre fin au Hamas, à détruire Gaza et à remettre ce territoire à l’autorité palestinienne pour exploiter les réserves de pétrole et de gaz dans ses eaux, cela aura des répercussions négatives, ouvrant de nouveaux fronts avec les pays de l’axe obstructionniste, y compris le Liban, la Syrie, l’Irak, le Yémen, et la Cisjordanie. Cette situation pourrait entraîner la région dans une guerre globale dont le début est connu, mais pas la fin.