Le président français, Emmanuel Macron, a prévenu samedi Israël que l’objectif d’une "destruction totale du Hamas" devait être "précisé", car il risquait d’engendrer "dix ans" de guerre, appelant ainsi à "redoubler d’efforts pour parvenir à un cessez-le-feu durable".

"La destruction totale du Hamas", "est-ce que quelqu’un pense que c’est possible ?", a lancé le chef d’État lors d’une conférence de presse en marge de la COP28 à Dubaï.

"Si c’est ça (l’objectif), la guerre durera dix ans", a-t-il poursuivi, demandant à ce que "cet objectif soit précisé" par "les autorités israéliennes". Il a également brandi le spectre d’une " guerre sans fin ".

Alors qu’Israël pilonne la bande de Gaza en représailles à l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre, "la bonne lutte contre le terrorisme n’est pas le bombardement systématique et permanent", a encore estimé M. Macron, exprimant son "inquiétude" après l’expiration vendredi de la trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza.

"La bonne réponse contre un groupe terroriste n’est pas de supprimer l’intégralité d’un territoire ou de bombarder l’intégralité des capacités civiles", a encore insisté le président français.

M. Macron a affirmé qu’il en allait de la "sécurité durable" d’Israël, qui ne pourrait pas être garantie si elle "se fait au prix des vies palestiniennes, et donc du ressentiment de toutes les opinions publiques dans la région".

Dans cette perspective, il a appelé à "redoubler d’efforts pour parvenir à un cessez-le-feu durable, pour obtenir la libération de tous les otages encore détenus par le Hamas et apporter à la population de Gaza l’aide dont elle a urgemment besoin".

"Tant mieux s’il appelle au cessez-le-feu durable", a réagi dans la foulée le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, juste avant une "Marche pour la paix et la justice" en soutien aux Palestiniens, à Paris. Il s’est toutefois montré dubitatif quant à la portée du message du président: "son point de vue n’importe pas beaucoup, là-bas et ici".

Le chef de l’État français a également plaidé pour "donner à Israël la certitude que sa sécurité est rétablie tout en répondant aux aspirations légitimes des Palestiniens, en réalisant la finalité politique qui est la promesse des deux États".

"Quand on a une approche sécuritaire où le désespoir politique nourrit tous les ressentiments, on ne construit pas sa propre sécurité dans la durée", a encore averti M. Macron, faisant valoir le "droit légitime du peuple palestinien à avoir un État".

Concernant la libération des otages encore détenus par le Hamas, il a dit "avoir besoin de plusieurs jours de travail", évoquant "une négociation permanente qui se poursuit", alors que quatre ressortissants français sont considérés comme otages ou portés disparus depuis le 7 octobre.

Dans ce but, le président français doit faire samedi soir escale au Qatar pour un dîner avec cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, l’émir de ce pays au cœur des négociations pour la trêve et la libération d’otages.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP