Alors que plus d’une centaine de Palestiniens sont morts lors d’une distribution d’aide humanitaire à Gaza, l’armée israélienne et le Hamas s’accusent mutuellement d’avoir provoqué ce chaos. 

Plus de cent Palestiniens ont été tués jeudi à Gaza pendant une distribution d’aide humanitaire qui a tourné au chaos,  a annoncé le Hamas en accusant les soldats israéliens d’avoir ouvert le feu sur une foule affamée, alors que la guerre a déjà fait plus de 30.000 morts dans le territoire menacé de famine.

Jeudi à l’aube, des milliers de personnes s’agglutinaient sur la rue al-Rashid, près du "rond-point de Naplouse", dans l’ouest de la ville de Gaza, où des Palestiniens ont raconté avoir été forcés ces derniers jours à manger du fourrage animal ou à abattre des animaux de trait, pour se nourrir.

Des sources israéliennes ont confirmé que des soldats, se sentant "menacés", avaient tiré à balles réelles mais nié que ces tirs soient responsables de ce bilan. L’armée a fait état de "dizaines de morts et de blessés", bousculés ou piétinés par la foule qui a "encerclé les camions et pillé" les cargaisons.

"Alors que le convoi (parti du sud de Gaza) est entré dans le nord, des milliers de personnes se sont précipitées sur les camions, ce qui a provoqué une bousculade dans laquelle des dizaines de Gazaouis ont été blessés et tués, certains d’entre eux renversés par des camions", a indiqué un responsable de l’armée.

Puis, une partie du convoi a poursuivi son chemin, mais des "dizaines" de civils ont foncé sur les camions, et se sont rendus à proximité des forces israéliennes sur place qui ont tiré des "coups de semonce" avant "d’ouvrir le feu", a poursuivi ce responsable militaire.

"Il s’agissait de tirs restreint (…), il ne s’agissait pas d’un événement massif de notre point de vue", a-t-il ajouté. L’armée a fait état de "dizaines de morts et de blessés", bousculés ou piétinés par la foule qui a "encerclé les camions et pillés" les cargaisons, mais pas de bilan des tirs.

Le ministère de la Santé de Gaza a dénombré dans l’après-midi 104 morts et 760 blessés lors de ce qu’il a qualifié de "carnage" dans la bande de Gaza

Après bientôt cinq mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste, l’ONU estime que 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées de famine dans la bande de Gaza assiégée par Israël, en particulier dans le nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l’acheminement de l’aide humanitaire.

Jeudi, un médecin de l’hôpital al-Chifa de Gaza-ville, dans le nord, a annoncé que les soldats avaient tiré sur "des milliers de citoyens" qui se précipitaient vers des camions d’aide.

Le président américain Joe Biden, qui avait dit cette semaine espérer un cessez-le-feu à Gaza d’ici lundi, est revenu jeudi sur son affirmation, déclarant que cette pause des hostilités ne se produirait "probablement pas d’ici" cette date.

Les États-Unis examinent également des "versions contradictoires" de la tuerie ayant eu lieu jeudi lors d’une distribution d’aide à Gaza, a déclaré le président américain à la presse au moment de son départ de la Maison-Blanche pour un déplacement à la frontière avec le Mexique.

"Nous vérifions ça en ce moment. Il y a deux versions contradictoires de ce qui s’est produit. Je n’ai pas encore de réponse", a-t-il affirmé.

Interrogé pour savoir s’il estimait que cet événement aurait un impact sur les négociations en vue d’un cessez-le-feu, Joe Biden a répondu: "Je sais que ce sera le cas".

Avec AFP