L’armée israélienne bombarde samedi la bande de Gaza, y compris Rafah, au lendemain d’une décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) lui ordonnant de suspendre ses opérations dans ce secteur sur fond d’efforts à Paris, pour arracher un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

La plus haute juridiction de l’ONU – dont les décisions sont juridiquement contraignantes, mais qui manque de mécanismes pour les mettre en œuvre – a aussi ordonné à Israël de maintenir ouvert le passage de Rafah, dans l’extrême sud de la bande de Gaza, essentiel à l’entrée de l’aide humanitaire, mais fermé après le lancement de son opération terrestre début mai.

Israël a affirmé qu’il "ne mènera pas d’opérations militaires dans la zone de Rafah" susceptibles de "conduire à la destruction de la population civile palestinienne".

Dans la foulée, les bombardements israéliens se sont poursuivis dans la bande de Gaza, notamment à Khan Younès (sud), Gaza-ville (nord) et dans plusieurs quartiers dans l’est et dans le centre de Rafah. En 24 heures, au moins 46 morts supplémentaires ont été recensés, selon le ministère de la Santé de Gaza.

"Nous voulons voir la décision de la Cour sur le terrain (…) Assez, assez, assez de la guerre", a martelé Moamen Muchtaha, 33 ans, un Palestinien de Gaza-ville, déplacé comme bon nombre des 2,4 millions de Gazaouis.

L’armée israélienne a annoncé samedi que plusieurs combattants avaient été tués lors de "combats rapprochés" la veille à Jabalia (nord) et au cours "de tirs de chars d’assaut" dans le centre. Elle a également affirmé avoir "éliminé une cellule terroriste qui a ouvert le feu sur ses troupes" à Rafah.

La situation sécuritaire et humanitaire dans la bande de Gaza est alarmante avec un risque de famine et des hôpitaux hors service. Environ 800.000 personnes ont fui Rafah, selon l’ONU.

Pressions sur Israël

Israël "n’écoute que son idéologie extrémiste de meurtre et de destruction afin (…) d’accroître les dégâts", a estimé Yahya, un Palestinien de 34 ans, à Rafah.

Après bientôt huit mois de guerre, l’étau se resserre chaque jour un peu plus sur Israël.

Samedi, Madrid a averti le pays que les ordonnances émises par la CIJ sont "contraignantes" et a exigé leur respect. "Cela concerne également (…) la libération des otages", a écrit le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, sur X.

Peu après, le G7 Finances a appelé Israël à "garantir" les services bancaires aux banques palestiniennes, après que le pays a menacé cette semaine de les priver d’accès à leur propre système bancaire.

"Nous appelons Israël à prendre les mesures nécessaires pour garantir que les services bancaires entre les banques israéliennes et palestiniennes restent en place", exhortent les grands argentiers des pays les plus riches du monde dans leur déclaration finale.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, avait souligné jeudi que "ces canaux bancaires sont essentiels", notamment pour effectuer des transactions d’exportations dont dépendent les Palestiniens.

Le G7 Finances demande aussi à Israël de "verser à l’Autorité palestinienne les recettes douanières retenues, compte tenu de ses besoins budgétaires urgents".

Israël collecte, en effet, des taxes douanières au nom de l’Autorité palestinienne, qu’il est censé lui reverser en vertu des accords d’Oslo signés en 1994.

Or, après le 7 octobre, Israël a cessé de reverser l’intégralité de ces recettes douanières, arguant refuser de financer le Hamas, et qu’elle considère comme une "organisation terroriste".

Les ministres du G7 appellent enfin Israël "à supprimer ou à assouplir les autres mesures qui ont eu un impact négatif sur le commerce, afin d’éviter d’aggraver encore la situation économique en Cisjordanie".

Relance des négociations

Le chef de la CIA, William Burns, est attendu à Paris pour tenter de relancer les pourparlers sur une trêve et le président français, Emmanuel Macron, a reçu vendredi le Premier ministre du Qatar et les ministres saoudien, égyptien et jordanien des Affaires étrangères.

Un responsable israélien a affirmé samedi à l’AFP qu’Israël avait l’"intention" de relancer cette semaine les négociations pour obtenir la libération des otages.

"Il y a une intention de reprendre les discussions cette semaine", a déclaré ce responsable à l’AFP sous couvert d’anonymat.

La chaîne Al-Qahera News, proche des services de renseignement égyptiens, a rapporté samedi que Le Caire poursuivait "ses efforts en vue de réactiver les négociations sur le cessez-le-feu et un échange des prisonniers et détenus".

Elle ajoute que l’Égypte exerce "toutes sortes de pression sur Israël pour laisser entrer d’urgence l’aide et le carburant" bloqués au point de passage de Rafah entre l’Égypte et Gaza après que l’armée israélienne en a pris le contrôle, côté palestinien, le 7 mai.

Avec AFP