Le Hamas nomme Yahya Sinouar comme nouveau chef, après l’assassinat d’Ismaïl Haniyé, envoyant un message de résistance à Israël et compliquant les pourparlers de cessez-le-feu.

Dans une décision significative soulignant sa position défiante, le Hamas a nommé Yahya Sinouar comme nouveau chef de son bureau politique, succédant à Ismaïl Haniyé, assassiné à Téhéran la semaine dernière. Cette décision a suscité de fortes réactions, mettant en lumière le rôle central de Sinouar dans la résistance continue du mouvement islamiste contre Israël.

Un haut responsable du Hamas, s’exprimant auprès de l’AFP, a souligné que la nomination de Sinouar envoie un "fort message" à Israël, affirmant la détermination du groupe. "Le choix est un message fort à l’occupation (Israël) que le Hamas continue sur la voie de la résistance", a-t-il déclaré.

Les alliés du Hamas, l’Iran et le Hezbollah, ont publié des déclarations louant la nomination de Sinouar.

Khaled Kaddoumi, représentant du Hamas en Iran, a décrit Sinouar comme un "choix de consensus" populaire parmi toutes les factions et profondément impliqué dans les processus décisionnels du groupe, y compris les négociations. Dans un message vocal à l’AP, Kaddoumi a souligné le double rôle de Sinouar en tant que "combattant féroce sur le champ de bataille" et leader comprenant les aspirations politiques des Palestiniens à la création d’un État et au retour des réfugiés.

Jibril Rajoub, secrétaire du Comité central du mouvement rival, Fatah, qui gouverne l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée, a déclaré que la décision était "logique et attendue".

Le général iranien Abdolrahim Mousavi a également salué le choix de Sinouar, affirmant qu’il montre la manière dont le Hamas souhaite poursuivre la bataille.

Les Houthis au Yémen, par la voix de leur porte-parole Mohammed Abdulsalam, ont exprimé leur soutien au nouveau leader politique du Hamas. "Nous demandons à Dieu Tout-Puissant d’accorder au leader Sinouar soutien et orientation pour assumer cette responsabilité dans cette phase historique de confrontation avec l’ennemi israélien", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Du côté israélien, le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a déclaré mardi soir qu’il fallait "éliminer rapidement" Yahya Sinouar.

"La nomination de l’archi-terroriste Yahya Sinouar à la tête du Hamas, en remplacement d’Ismaïl Haniyé, est une raison supplémentaire de l’éliminer rapidement et de rayer de la carte cette ignoble organisation", a déclaré M. Katz sur le réseau social X.

La Maison Blanche quant à elle, a refusé de commenter la nomination de Sinouar. Cependant, une source familière de la perspective de Washington a noté que la sélection de Sinouar suggère que le Hamas pourrait durcir sa position dans les négociations de cessez-le-feu, compliquant les efforts pour parvenir à un accord. Néanmoins, il a été reconnu qu’Israël était déjà conscient que Sinouar aurait le dernier mot sur tout accord de cessez-le-feu, et l’annonce officielle n’a fait que confirmer cette réalité.

La porte-parole adjointe du ministère américain de la Défense a déclaré à "Sky News": "Nous n’avons aucun commentaire sur le choix de Sinouar comme chef du Hamas." Elle a ajouté: "Le déplacement de nos forces dans la région est un message de dissuasion", en affirmant que "nous nous tiendrons aux côtés d’Israël si l’Iran l’attaque".

Pourparlers de cessez-le-feu et perspectives d’avenir

Alors que la région reste sur le qui-vive, les efforts pour négocier un cessez-le-feu se poursuivent au milieu des récriminations mutuelles entre le Hamas et Israël. L’assassinat récent de Haniyé a exacerbé les tensions, avec l’Iran promettant des représailles sévères, poussant la région vers un conflit plus large.

La guerre en cours, déclenchée par l’attaque du 7 octobre, a laissé un lourd tribut. En réponse, Israël a lancé une campagne militaire implacable, entraînant près de 40 000 morts palestiniens et une destruction massive à Gaza.

Les tentatives de négocier un cessez-le-feu ont jusqu’à présent échoué, chaque côté blâmant l’autre pour l’impasse. Le porte-parole du Hamas, Osama Hamdan, a déclaré à Al Jazeera que le mouvement reste déterminé à parvenir à un accord, avec l’équipe de négociation qui opérait sous Haniyeh poursuivant ses efforts sous la direction de Sinouar, qui suit de près les pourparlers.

L’analyste politique Hani Al-Masri à Ramallah interprète la nomination de Sinouar comme un défi direct à Israël, soulignant l’adhésion du Hamas à une "approche extrémiste et résistante". "Alors que Sinouar gère les négociations, il gérera le mouvement," a-t-il déclaré.

Le conflit a radicalement modifié le paysage du Moyen-Orient, menaçant de s’étendre à une guerre régionale plus large. La communauté internationale observe de près les négociations de cessez-le-feu, espérant une résolution qui pourrait apporter un répit tant attendu aux populations épuisées et sécuriser la libération des otages israéliens restants.

Par S.B