L’armée israélienne a annoncé dimanche la découverte de six otages morts dans un tunnel de Gaza, tandis que les médecins du territoire palestinien se préparent à une pause dans les combats pour une campagne de vaccination contre la polio.

Les corps de six otages enlevés lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre en Israël ont été retrouvés dans la bande de Gaza, selon l’armée israélienne et le président américain Joe Biden, qui a promis d’œuvrer pour la libération de ceux toujours retenus.

Des "pauses humanitaires" aux contours incertains doivent par ailleurs débuter dimanche pour permettre une vaccination antipolio à grande échelle dans le territoire palestinien, où un premier cas a récemment été confirmé chez un bébé de dix mois.

"Plus tôt dans la journée (samedi, NDLR), dans un tunnel sous la ville de Rafah, les forces israéliennes ont récupéré six corps d’otages détenus par le Hamas", dont celui de l’Israélo-Américain Hersh Goldberg-Polin, a expliqué M. Biden dans un communiqué samedi soir, en se disant "dévasté et indigné".

Deux sont des femmes et quatre des hommes: Hersh Goldberg-Polin, Carmel Gat, Eden Yerushalmi, Alexander Lobanov, Almog Sarusi et Ori Danino, a précisé l’armée israélienne.

Cinq d’entre eux avaient été enlevés au festival de musique techno Nova.

"Ne vous y trompez pas, les dirigeants du Hamas paieront pour ces crimes. Et nous continuerons à travailler 24 heures sur 24 pour parvenir à un accord qui garantisse la libération des otages restants", a affirmé le président américain.

"Hersh faisait partie des innocents brutalement attaqués alors qu’ils assistaient à un festival de musique pour la paix en Israël le 7 octobre. Il a perdu son bras en aidant des amis et des étrangers lors du massacre sauvage perpétré par le Hamas", a détaillé M. Biden, en précisant qu’il avait alors 23 ans.

Joe Biden a également évoqué les parents du jeune homme, Jon et Rachel, qui "ont défendu sans relâche et de manière irrépressible leur fils et tous les otages détenus dans des conditions inadmissibles", il a confié "les admire(r) et partage(r) leur chagrin plus profondément que les mots ne peuvent l’exprimer".

M. Biden a assuré avoir "travaillé sans relâche pour que leur Hersh bien-aimé leur parvienne sain et sauf" : "la nouvelle de sa mort me brise le cœur".

La vice-présidente Kamala Harris a dit dans un autre communiqué prier pour les proches de Hersh Goldberg-Polin.

"Comme il est dit dans la tradition juive, que le souvenir de Hersh soit une bénédiction", a-t-elle déclaré.

La candidate démocrate à l’élection présidentielle a également condamné le Hamas, le qualifiant d’"organisation terroriste maléfique".

"Avec ces meurtres, le Hamas a encore davantage de sang américain sur ses mains", a-t-elle ajouté.

"La menace que représente le Hamas pour la population israélienne et les ressortissants américains en Israël doit être éliminée et le Hamas ne peut pas contrôler Gaza", a déclaré la vice-présidente américaine, précisant que "la population palestinienne aussi a souffert sous le joug du Hamas depuis près de deux décennies".

Lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre, 251 personnes ont été enlevées en Israël et emmenées à Gaza. Cette vaste attaque a entraîné côté israélien la mort de 1.199 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles.

Israël a juré de détruire le Hamas, un mouvement qu’il qualifie de terroriste, à l’instar des États-Unis et de l’Union européenne.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 40.691 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé de l’enclave palestinienne, provoqué un désastre humanitaire et sanitaire et déplacé la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants. D’après l’ONU, la majorité des morts sont des femmes et des mineurs.

La Défense civile y a recensé samedi encore une quarantaine de morts dans des frappes israéliennes.

Empêcher une propagation

Alors que le territoire palestinien assiégé est dévasté par près de 11 mois de guerre, la campagne anti-polio a officiellement été lancée dimanche dans le centre de la bande de Gaza, a indiqué à l’AFP le responsable de trois centres de vaccination pour enfants dans ce secteur.

"Il y a un survol important de drones au-dessus du centre de la bande de Gaza et nous espérons que cette campagne de vaccinations pour les enfants se passera dans le calme", a ajouté le docteur Yasser Chaabane, directeur médical de l’hôpital al-Awda.

"Les vaccinations ont débuté à 09H00 (06H00 GMT). Nous avons ouvert les centres et nous recevons des enfants âgés d’un jour à dix ans dans le calme jusqu’ici", a-t-il poursuivi.

Samedi déjà, des vaccins anti-polio ont été administrés à l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

La campagne, menée par des équipes du ministère de la Santé, de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) et des ONG, selon le gouvernement de l’enclave, vise à vacciner plus de 640.000 enfants de moins de dix ans dans le territoire, où la polio avait pourtant été éradiquée il y a 25 ans.

Le ministère de la Santé à Gaza et les agences onusiennes ont listé 67 centres de vaccination dans des hôpitaux, dispensaires et écoles pour le centre du petit territoire palestinien. Dans le sud, 59 centres sont prévus et 33 dans le nord, en grande partie dépeuplé. Dans ces deux zones les vaccinations auront lieu dans un second puis un troisième temps.

L’ONU a envoyé 1,2 million de doses du vaccin nOPV2, qui consiste en l’administration orale de deux gouttes.

Jeudi, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait annoncé qu’Israël avait accepté une série de "pauses humanitaires" de trois journées pour chacune des phases.

Démentant "les informations faisant état d’un cessez-le-feu général" pour permettre cette campagne, le cabinet du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a indiqué qu’Israël "autorisera uniquement un couloir humanitaire".

L’objectif est "d’empêcher la propagation de l’épidémie dans l’ensemble de la région", a-t-il expliqué.

Selon l’ONU, "une couverture d’au moins 90% est nécessaire lors de chaque phase de la campagne pour arrêter l’épidémie".

La polio, éradiquée à Gaza depuis 25 ans, est réapparue au milieu de ces hostilités lancées le 7 octobre par l’attaque meurtrière du Hamas en Israël.

En raison notamment des routes endommagées et de la population déplacée, l’ONU avait indiqué qu’elle pourrait avoir besoin d’un jour supplémentaire dans chaque zone.

Avec AFP