Écoutez l’article

Dans un entretien franc et exclusif avec Nabil Fahed, vice-président de la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Liban, Ici Beyrouth se penche sur la question cruciale de la proposition d’augmentation d’un point de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), tel que précisé dans le projet de budget 2024. Alors que le Liban est confronté à des défis économiques majeurs, notamment les déficits fiscaux et l’instabilité monétaire, les répercussions potentielles de cette hausse de la TVA sur les entreprises de vente au détail et de distribution, notamment dans le secteur des supermarchés, ont suscité des inquiétudes.

Selon Nabil Fahed, vice-président de la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Liban, les conséquences d’une telle taxe sur la consommation sont régressives par nature. Selon lui, une augmentation apparemment modeste de 1% de la TVA se traduit par une hausse d’environ 10%, si on la considère comme faisant partie d’une taxe en onze points. Selon lui, une initiative pareille éroderait considérablement le pouvoir d’achat des consommateurs, ce qui entraînerait une réduction des dépenses et aurait un effet négatif tangible sur les consommateurs.

En tant que vice-président de la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Liban, Nabil Fahed nous éclaire sur la stratégie de la Chambre pour répondre aux inquiétudes et aux intérêts de ses membres au vu de l’augmentation proposée de la TVA. Dans son analyse, M. Fahed replace l’augmentation de la TVA dans le contexte plus large du budget. Il souligne que le budget proposé par le gouvernement comporte un déficit substantiel d’environ 14 à 15%, ce qui implique un manque important à gagner.

Pour combler ce déficit, le gouvernement pourrait recourir à un emprunt ou mettre en œuvre ce qu’il appelle une "taxe de l’inflation" par le biais de la dépréciation de la livre libanaise. Fahed souligne que de telles mesures auraient un impact négatif non seulement sur les membres de la Chambre mais aussi sur tous les secteurs économiques du Liban, en induisant une instabilité monétaire et en pesant sur ceux qui reçoivent des livres libanaises, en particulier dans le secteur public. Il soutient que la priorité absolue devrait être un budget équilibré, en mettant l’accent sur un contrôle rigoureux des dépenses plutôt que sur l’augmentation des impôts versés par les citoyens.

Nabil Fahed donne par ailleurs un aperçu des mesures et initiatives nécessaires que le gouvernement libanais devrait, selon lui, prendre pour promouvoir la relance de l’économie et favoriser un environnement propice aux affaires. Il observe une reprise naissante dans le secteur privé, caractérisée par un "mini boom" récent attribué aux revenus du tourisme et aux entrées soutenues de dollars provenant des exportations du secteur industriel. Pour maintenir cette dynamique positive, M. Fahed souligne l’urgence de mettre en œuvre le plan de relance économique du gouvernement, qui repose sur la promulgation de lois essentielles telles que les résolutions sur la réforme bancaire, les lois sur le secret bancaire et les lois sur le contrôle des capitaux. M. Fahed ajoute que l’adoption de ces lois est essentielle, indépendamment de leur contenu spécifique, puisque celles-ci jouent un rôle crucial dans la préservation de la relance du secteur privé observée au cours des derniers mois.