Pour de nombreux observateurs, l’arrestation de l’archevêque maronite de Haïfa, Mgr Moussa el-Hage, lundi à Naqoura, vise à exercer une pression sur le patriarche Béchara Raï pour qu’il change ses positions souverainistes.

L’interpellation, lundi, pendant quelques heures de l’archevêque maronite de Haïfa et vicaire patriarcal pour Jérusalem, les territoires palestiniens et la Jordanie, Mgr Moussa el-Hage, à Naqoura, alors qu’il rentrait de Jérusalem, ne cesse de susciter des remous. Le Conseil des évêques maronites se réunira ainsi demain, mercredi, au siège patriarcal estival à Dimane, pour faire part de sa position concernant l’affaire, alors que Mgr Hage devrait comparaître mercredi devant le juge d’inspection près le tribunal militaire, Fadi Akiki.

Mgr Hage a été arrêté au poste-frontière de Naqoura par la Sûreté générale qui lui a fait subir un interrogatoire de plus onze heures avant de le relâcher à la suite de l’intervention des autorités ecclésiastiques et judiciaires.

Selon le quotidien Nidaa el-Watan, on lui aurait monté un dossier de toutes pièces pour l’accuser de collaboration avec Israël. Toujours selon le quotidien, il est "accusé de transporter de l’argent et des médicaments de Libanais qui s’étaient réfugiés en Israël, à leurs parents au Liban". Selon des sources politiques citées par le quotidien, l’arrestation de Mgr Hage est "un moyen de pression exercé sur le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, pour le pousser à changer de discours". D’ailleurs, sur son compte Twitter, Jean Aziz, journaliste, avait, le 1er juillet, mis en garde contre "des dossiers fabriqués de toutes pièces contre une personnalité religieuse pour faire pression sur une autorité religieuse".

Même son de cloche chez le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui a estimé dans un communiqué que la convocation de Mgr Hage par le tribunal militaire est "un message" au patriarche, en réaction à "ses positions patriotiques". Le Parti national libéral a, lui aussi, souligné que cette arrestation avait pour but de "pousser le patriarche à changer ses positions souverainistes".

De son côté, l’ancien député Farès Souhaid a estimé que l’arrestation de Mgr Moussa el-Hage "est un acte inadmissible quels qu’en soient les motifs", soulignant que "les chrétiens et musulmans ont le droit de se rendre à Jérusalem pour le pèlerinage".

Il est à noter que le patriarche Raï a reçu mardi matin Mgr Hage qui lui a exposé les circonstances de son arrestation.