Le patriarche maronite Béchara Raï a estimé que l’interpellation de l’archevêque de Haïfa, Moussa el-Hage, "met à l’épreuve la capacité du responsable de cet incident à mettre un terme aux atteintes à l’Église maronite et au principe même de la séparation entre la religion et l’État".

Le patriarche maronite, Béchara Raï, est revenu dimanche sur l’affaire de l’archevêque de Haïfa, Moussa el-Hage, dénonçant l’atteinte de l’État à " une communauté fondatrice ". " L’interpellation de l’archevêque Moussa el-Hage met à l’épreuve la capacité du responsable de cet incident à mettre un terme aux atteintes à l’Église maronite et au principe même de la séparation entre la religion et l’État ", a déclaré Mgr Raï dans son homélie. " Certains se plaignaient de l’ingérence des communautés dans l’État, mais c’est l’État qui a porté atteinte à une communauté fondatrice et à un homme religieux connu pour sa piété et les services qu’il offre au peuple ", a poursuivi Mgr Raï, soulignant que c’était à l’État de garantir le " respect " à Mgr Hage, lors de ses déplacements entre le Liban et son diocèse.

Pour Mgr Raï, la fabrication du dossier de Mgr Hage a pour objectif de " ternir l’image de l’évêque et la mission humanitaire et patriotique de l’Église ". Il a affirmé à cet égard que " la collaboration " avec un État ennemi n’a jamais été " au cœur de notre culture, de notre esprit et de notre dignité ". " Nous sommes les premiers à respecter et défendre les lois, nous appelons les autorités au pouvoir à en faire de même, a-t-il encore martelé. Nous sommes les premiers à respecter et défendre la justice, mais nous demandons aux juges et aux responsables juridiques de respecter la magistrature et de la libérer de l’esprit vindicatif et de la soumission à des forces politiques et confessionnelles ".

Le patriarche a appelé " les responsables " de cet incident " qui ont injustement saisi " les affaires de Mgr Hage à lui restituer " son passeport libanais et son téléphone portable ", à " lui remettre l’argent et les médicaments ", à " lui assurer le passage via Naqoura vers son diocèse sans l’arrêter ou fouiller ses affaires, comme c’était le cas avec ses prédécesseurs ", et à ne plus traiter d’" agents " les Libanais qui se trouvent en Israël.

" Si les responsables de cet incident ne répondent favorablement pas à nos demandes, ils causent du mal à notre diocèse en Terre sainte, puisqu’ils empêchent son évêque de s’y rendre, a insisté Mgr Raï. C’est comme si le diocèse était vacant. Ce qui est dangereux. Ils en seront tenus pour responsables. "

Appel à la formation d’un gouvernement

Mgr Raï s’est par ailleurs penché sur la formation du gouvernement, soulignant que " la clôture " de ce dossier était inacceptable. Il a à cet égard fait remarquer que le fait de désigner un Premier ministre n’a aucune valeur si un gouvernement n’est pas formé. " Si les différentes forces politiques sont incapables aujourd’hui de former un gouvernement, nous craignons qu’elles soient également incapables d’élire un nouveau président de la République, a-t-il noté. Ce serait le grand échec. "

Mgr Raï a enfin dénoncé les frictions survenues vendredi entre des habitants de Rmeich, village maronite au Liban-Sud, et des miliciens du Hezbollah. Il a appelé dans ce cadre les services de sécurité à " assumer leurs responsabilités en protégeant et tranquillisant " les habitants de la région.