Le président français Emmanuel Macron effectue depuis vendredi une tournée de trois jours dans trois pays du Golfe, les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie saoudite, afin de s’entretenir avec les responsables de ces pays des différentes crises au Moyen-Orient.

M. Macron a prévu d’aborder plusieurs dossiers lors de ce déplacement, parmi lesquels la lutte contre le terrorisme et le radicalisme islamiste, les élections en Libye et la crise libanaise.

Emmanuel Macron semble en effet très investi dans les efforts visant à extirper le pays du Cèdre de la pire crise économique et sociale de son histoire, spécialement depuis la détérioration des relations entre Beyrouth et les pays du Golfe, en raison de l’influence croissante du Hezbollah. Les tensions sont montées d’un cran avec l’Arabie saoudite en raison des propos tenus par le ministre de l’Information libanais, Georges Cordahi, lors d’une interview diffusée par la chaîne de télévision al-Jazira en octobre dernier, durant laquelle il critiquait l’intervention politique et militaire de Riyad au Yémen.

Suite à la rafale de critiques à laquelle a été exposé M. Cordahi, tant sur le plan interne qu’externe, et aux nombreuses pressions l’exhortant à démissionner, ce dernier a finalement sauté le pas vendredi, pour "prioriser les intérêts du Liban" et "améliorer les relations avec les pays du Golfe".

Toutefois, cette manifestation de bonne foi n’est pas suffisante pour dégeler les relations libano-arabes, d’après une source proche du dossier. "La reprise des relations avec les pays du Golfe ne dépend pas uniquement de la démission de M. Cordahi. Celle-ci est un pas dans la bonne direction, mais elle est loin d’être suffisante, car le chemin sera long".

L’assainissement des relations avec l’Arabie dépendrait nommément de trois facteurs: l’arrêt d’attaques médiatiques organisées contre Riyad de la part du gouvernement libanais; le retrait de la présence du Hezbollah du Yémen; et le contrôle des exportations commerciales libanaises en direction des pays du Golfe.

Selon une autre source informée, l’élan de générosité du président Macron envers les Libanais ne serait pas anodin. Il s’inscrirait principalement dans le cadre d’un calcul "purement électoral", à la veille des élections présidentielles de 2022, pour rallier à sa cause les électeurs franco-libanais à l’issue de son quinquennat. De plus, l’initiative de M. Macron serait mue par une volonté active de combler le vide laissé par les États-Unis, en plein repli stratégique, dans la région.

Mais un consensus se dégage entre les observateurs et les analystes sur le fait que ce n’est certainement pas la mise en scène officielle de vendredi autour de la démission de M. Cordahi qui parviendra à apaiser les tensions entre Beyrouth et les pays du Golfe. La normalisation des relations avec ces derniers, l’Arabie en tête, nécessitera des actes tangibles et concrets – et surtout une cohérence et une consistance dans la volonté de s’éloigner du giron iranien pour réintégrer l’environnement arabe – de la part des officiels libanais, à l’heure où les craintes libanaises et arabes foisonnent quant à une éventuelle cession du Liban à sa "perse police" par la communauté internationale à l’issue des négociations sur le nucléaire iranien qui se déroulent actuellement à Vienne.