Les bureaux de presse du chef de l’État Michel Aoun, du Premier ministre désigné, Najib Mikati, et du ministre sortant de l’Intérieur Bassam Maoulaoui ont démenti vendredi l’information publiée par le quotidien français Libération, les accusant, ainsi que le ministre sortant des Finances Youssef Khalil, de " se partager le fruit de la vente " de 4.000 passeports libanais à " des étrangers fortunés ", qui bénéficieraient également " d’un décret de naturalisation en cours de promulgation ".

Réagissant à l’article intitulé " Au sommet de l’État, des passeports en or ", signé par la journaliste Hala Kodmani, le bureau de presse de la présidence de la République a indiqué dans un communiqué que cette information " est mensongère et dénuée de tout fondement ".

L’information a été aussi démentie par le bureau de presse du Premier ministre désigné, qui a indiqué : " Des informations de presse circulent au sujet d’un décret de naturalisation qui serait en cours de préparation. Le Premier ministre assure que ceci n’est même pas sujet à débat pour lui. "

Pour sa part, le ministre Maoulaoui a affirmé " qu’il n’est nullement concerné par tout ce qui a été dit au sujet d’un nouveau décret de naturalisation ", précisant que son département " n’a pris aucune mesure au sujet d’un tel projet de décret et refuse d’avaliser un tel document ".

Le bureau de presse du ministre précise qu’il a envoyé une lettre au quotidien Libération, " protestant contre le contenu de l’article en ce qui concerne le ministère de l’Intérieur, demandant des excuses et la publication d’un erratum, et se réservant le droit de poursuivre le journal mentionné ". Il a également adressé à titre d’information une lettre en ce sens à l’ambassadrice de France à Beyrouth (Anne Grillo).

4.000 passeports

Selon l’article paru jeudi, qui cite " des sources proches de bénéficiaires et d’intermédiaires de l’opération, pour laquelle des acomptes ont été versés ", 4.000 passeports libanais seraient en cours de vente " au prix de 100.000 et 50.000 euros pièce, selon qu’il s’agisse d’un individu ou d’une famille ".

L’article souligne que le décret de naturalisation requiert la signature du président de la République, du Premier ministre et des ministres de l’Intérieur et des Finances, ajoutant que les quatre responsables " se partageraient le fruit de la vente qui devrait rapporter entre 300 et 400 millions d’euros ".

Il ajoute que les " acheteurs " seraient des " proches du régime syrien cherchant à voyager à travers le monde en obtenant plus facilement des visas que sur leur passeport d’origine ". L’article évoque un " exemple de la corruption des dirigeants du Liban, un pays où des millions de citoyens ont du mal à assurer leur pain quotidien ".

Il convient de rappeler qu’en 2018, près de 400 étrangers, à majorité palestiniens et syriens, avaient été naturalisés sur décision du président Aoun, provoquant une grande controverse.