Une machine à tuer pour que vive un axe
Michel Samaha a été libéré mardi de prison après avoir purgé une peine de dix ans pour avoir transporté des explosifs de Syrie au Liban, afin de les utiliser dans des actes terroristes et des assassinats ciblés. Un crime documenté avec preuves à l’appui (photos et enregistrements).

Une fois M. Samaha remis en liberté, d’aucuns ont trouvé le moyen de le défendre sous prétexte qu’il a été lésé par une longue condamnation à la prison ainsi que par le retrait de ses droits civiques, alors que d’autres «collabos» n’avaient pas été sanctionnés de la sorte.

Peu importe que le défenseur ait monté de toutes pièces des dossiers de collaboration avec l’ennemi pour quiconque dérange l’axe iranien au Liban. Le plus important reste que l’assassin du chef des renseignements des Forces de sécurité intérieures (FSI), Wissam al-Hassan, qui a certainement dévoilé l’un des nombreux crimes de Samaha, est encore inconnu aux yeux de la justice, tandis qu’il est bien connu de la majorité des Libanais.

Michel Samaha était retourné en prison quelques jours après sa libération début 2016, après que l’actuel député et ancien ministre de la Justice Achraf Rifi a menacé de démissionner du gouvernement à l’époque pour protester contre la décision de la Cour de cassation militaire de le libérer…

Pour rappel, Michel Samaha officiait comme conseiller politique du président syrien Bachar el-Assad. Pendant la guerre civile, il était membre du parti Kataëb. C’est d’ailleurs lui qui a annoncé la dissolution du parti des Forces libanaises le 23 mars 1994, après l’attentat contre l’église Notre-Dame de la délivrance – dossier dans lequel le chef des Forces Libanaises, Samir Geagea, avait été accusé. Il fait également partie d'anciens membres des Kataëb et des Forces libanaises recrutés par le régime syrien. C’est aussi lui le ministre de l’Information qui a ordonné la fermeture de médias afin de museler la presse pendant la tutelle syrienne du Liban. Il est interdit d’entrer aux États-Unis, qui l’accusaient de «déstabiliser le gouvernement libanais», de «parrainer le terrorisme ou d’œuvrer à rétablir le contrôle syrien sur le Liban», et ce des années avant d’être arrêté en flagrant délit, pour avoir introduit 24 engins explosifs au Liban en provenance de la Syrie, en accord avec le directeur du Bureau syrien de la sécurité nationale le général, Ali Mamlouk, et son directeur de bureau, le colonel Adnan. En outre, M. Samaha élaborait un plan visant à utiliser ces engins explosifs dans la région du Akkar au nord du Liban lors d’iftars pendant le mois du Ramadan. Sans compter les tentatives d'éliminer des députés et des religieux, y compris le mufti du Akkar, et de chercher à perpétrer un attentat contre le cortège du patriarche maronite lors de sa visite au Akkar dans le but de déclencher des conflits sectaires, en plus de cibler les opposants au régime syrien et les citoyens…

Il n’était donc pas surprenant de le voir annoncer la poursuite de son activité politique lors de sa première déclaration qui a suivi sa libération en 2016, dans laquelle il affirme qu’il «va continuer son travail normalement, et qu’il n’a pas arrêté sa carrière politique».


Cette déclaration sibylline, prononcée non sans condescendance et vantardise, symbolise toute une histoire sanglante qui prévaut encore au Liban et que les Libanais se doivent d’accepter tout «naturellement».

Ce «tout naturellement» se reflète dans les propos de Michel Samaha, enregistrés lors de sa planification des attentats, prouvant ce qui s’est toujours tramé depuis que le Liban s’est retrouvé à la merci du système de renseignement syro-libanais, puis de l’axe iranien, et l’instrumentalisation de sa scène intérieure pour attiser les divisions sectaires aiguës et les transposer concrètement des esprits et des textes sur le terrain...

Certes, après l’emprisonnement de Michel Samaha, la machine à tuer associée à cet axe et à ses mandataires au Liban n’a pas cessé de commettre des actes terroristes et des assassinats, comme «un devoir» qui doit être accompli à tout prix, et que rien ne doit arrêter, ni l’emprisonnement, ni les procès, ni les enquêtes qui ne débouchent sur aucune action tangible malgré les preuves solides, comme dans le cas de l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri ou dans le crime de l’explosion du port de Beyrouth, dont le second anniversaire reste un cauchemar en l’absence totale de justice.

Dans ce contexte, il suffit de s’arrêter sur l’objectif souhaité à travers ces opérations terroristes qui ont accéléré la descente en enfer du pays et sur la propension à pousser de plus en plus le Liban au centre de l’équation régionale, pour se rendre compte que le dossier libanais reste un point chaud et contribue surtout à soutenir les chances de survie dudit axe et ses acquis.

C’est un «devoir» qui doit demeurer actif, sur le feu, et être traité avec le feu et non avec la politique.

Michel Samaha n’est pas le seul à être engagé dans ce procédé. Il est l’un de ses serviteurs, peut-être le plus sincère, occupant un rang élevé dans cette entreprise anonyme qui comprend un certain nombre de personnes protégées par leur commanditaire. Ainsi, le pouvoir judiciaire devient un point de passage pour s’échapper, ou une étape transitoire pour retourner à une activité normale, une fois le congé forcé en prison ou à l’extérieur touche à sa fin…
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