Deux ans après la tragédie du port, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a accusé le juge d’instruction Tarek Bitar d’obstruction à la justice et de politisation de l’enquête. Selon lui, si l’enquête sur l’explosion du 4 août 2020 est bloquée, c’est parce que le magistrat "refuse de se récuser".

Utilisant sa démagogie habituelle, il a dit vouloir que la vérité soit connue, mais a dénoncé "une instrumentalisation de cette affaire au détriment du Hezbollah", en répétant que son parti "n’a rien à voir avec l’explosion". "Les partis politiques déforment la vérité. Ils font du ciblage politique. Ils ont détourné cette catastrophe humaine dans une propagande contre le Hezbollah. Nous n’avons aucun lien avec le navire et le nitrate (d’ammonium). Nous soupçonnons le juge Bitar de faire du matraquage politique et de faire obstruction à la justice en refusant de démissionner. Il y a des juges et des officiers responsables de l’incident du port qui n’ont pas fait l’objet d’enquêtes. Il y a des personnes lésées dans les prisons en raison d’une mauvaise voie judiciaire suivie en premier lieu. Pourquoi le juge Bitar ne veut pas entendre le président Michel Aoun dans cette enquête, ni d’ailleurs l’ancien président Michel Sleiman?", s’est-il interrogé jeudi lors d’un "Majlis de l’Achoura" (réunion retraçant le martyre de l’imam Hussein).

Fraude judiciaire

À son tour, Ali Khreiss, membre du mouvement Amal dont deux anciens ministres font l’objet de mandats d’arrêt délivrés par Me Bitar, a dénoncé à son tour "une fraude judiciaire" entravant l’enquête sur l’explosion du 4 août 2020. Selon lui, Amal "œuvre sur deux axes: empêcher la fraude judiciaire qui essaie de faire dévier l’enquête de sa trajectoire et faire face aux desseins malveillants à cause desquels ce crime a été commis et qui s’inscrivent dans le prolongement du complot ourdi pour détruire le pays et l’entraîner sur la voie d’une normalisation avec Israël".