Dans une interview exclusive au journal britannique DailyMail.com, Silvana Fardos, mère de Hadi Matar, l’agresseur de Salman Rushdie, a révélé comment son fils, qui a grandi aux Etats-Unis, a changé après un séjour d’un mois au Liban en 2018. 

Dans une interview exclusive au journal britannique DailyMail.com, Silvana Fardos, mère de Hadi Matar, l’agresseur de Salman Rushdie, a révélé comment son fils, qui a grandi aux Etats-Unis, a changé après un séjour d’un mois au Liban en 2018. Décrit par sa mère comme sociable et extraverti avant son voyage, il est devenu à son retour prosélyte, "introverti, cyclothymique", s’enfermant au sous-sol et refusant d’adresser la parole à sa famille pendant des mois, comme l’explique Silvana Fardos, qui vit depuis plusieurs années à New Jersey.

 

Hadi Matar est né aux Etats-Unis, de parents libanais ayant émigré du village frontalier de Yaroun, au Liban-Sud, bastion du Hezbollah, il y a 26 ans. Après leur divorce en 2004, son père, Hassan Matar, est revenu au village. Son fils, resté avec sa mère et deux sœurs jumelles âgées aujourd’hui de 14 ans aux Etats-Unis, a rendu visite à son père en 2018. Une visite qui l’a fondamentalement changé. "Dès la première heure de son arrivée (à Yaroun, ndlr), il m’a appelée et m’a dit qu’il voulait rentrer. Il y est finalement resté vingt-huit jours mais les choses ne se sont pas bien passées avec son père, il s’est senti très seul", confie Silvana Fardos au média britannique. "Je m’attendais à le revoir motivé, finir son cursus académique, décrocher un diplôme et trouver un emploi. Au lieu de cela, il s’est enfermé au sous-sol. Il avait beaucoup changé, il n’a pas adressé la parole ni à moi ni à ses sœurs pendant des mois", explique-t-elle. Et d’ajouter: "Je suis incapable de détailler sa vie après cela parce qu’il s’est isolé depuis 2018. Si je l’abordais, il me saluait parfois, et d’autres fois il m’ignorait et s’éloignait". Sa routine consistait à dormir le jour, se réveiller et manger la nuit, vivre au sous-sol et cuisiner ses propres repas.

Sa mère s’est aussi heurtée au prosélytisme inédit de son fils. "Il lui est arrivé une fois de se disputer avec moi en me demandant pourquoi je l’avais encouragé à recevoir une éducation (académique) plutôt qu’à se concentrer sur la religion. Il était en colère contre moi pour ne pas l’avoir initié à l’Islam à un jeune âge", explique l’institutrice et traductrice d’école (cycle secondaire). Mais à défaut d’observer un changement vestimentaire chez son fils, Silvana Fardos a espéré que cet épisode serait circonstanciel.

Elle précise ne pas avoir d’intérêt pour la politique, ni être pratiquante. "Je suis née musulmane et c’est tout. Je n’ai pas poussé mes enfants vers la religion ni rien imposé à mon fils. Je ne connais personne en Iran, toute ma famille est ici (aux Etats-Unis, ndlr)".

La femme âgée de 46 ans ajoute que son fils n’a jamais eu d’emploi fixe, ni de compagne, mais avait paru sortir de ce qui semblait être une phase dépressive quelques mois avant l’attaque. Il avait commencé à travailler dans un centre commercial et avait fait part à sa mère de son intention de reprendre des études de cybersécurité en septembre. Il s’était inscrit à la salle de gym du quartier trois mois avant l’attaque contre Rushdie, pour annuler brusquement son abonnement à une semaine de celle-ci.

Ce n’est que lorsque les agents du FBI ont perquisitionné sa maison qu’elle a été informée de l’attaque perpétrée par son fils contre l’auteur des Versets sataniques, fervent défenseur des libertés. Les agents ont saisi de nombreux objets du sous-sol, dont un ordinateur, une console de jeux vidéo, des livres, des couteaux et un aiguiseur.

"Je n’ai pas vu la vidéo de ce qui s’est passé, ni ne souhaite la voir. Ce que je sais, je l’ai appris de ce qui a été écrit (…). Je regrette ce qu’a subi M. Rushdie (dont elle dit qu’elle ne connaissait pas le nom, ni les écrits avant l’attaque, ndlr). J’espère qu’il se remettra de ses blessures mais je ne peux pas dire plus que cela parce que l’acte n’était pas le mien", conclut-elle.