Un bref entretien s’est tenu mercredi matin au palais présidentiel entre le chef de l’Etat Michel Aoun et le Premier ministre reconduit Najib Mikati, sans rien présager de positif au sujet de la formation du prochain cabinet. 

La concertation matinale d’une demi-heure, mercredi, entre le président Michel Aoun et le Premier ministre désigné, Najib Mikati, autour de la composition du gouvernement, suivie du départ de ce dernier du palais de Baabda sans faire de déclaration à la presse, témoigne, sans surprise, de la persistance de l’impasse au niveau du dossier gouvernemental.

Le bureau de Najib Mikati a même démenti des propos que lui a attribué l’Agence nationale d’information (qui reprenait sans doute un communiqué du palais présidentiel) et qu’il aurait tenus à sa sortie de Baabda, à savoir que "la discussion se poursuivra". Ce démenti prouve, selon les commentateurs, l’absence même d’un espoir de déblocage. Une source politique bien informée a indiqué sur ce plan à Ici Beyrouth, que "le climat entre le Grand sérail et Baabda est négatif".

Mais des proches du palais présidentiel contactés par Ici Beyrouth s’abstiennent de peindre un tableau sombre. Ils font état, en guise de rappel, des deux formules ministérielles actuellement envisagées. La première, souhaitée par Najib Mikati, consiste en la formation d’un cabinet de 24 ministres, identique au cabinet sortant avec deux remaniements au niveau du ministère de l’Économie et celui des Déplacés. Le Premier ministre désigné avait déjà présenté mardi dernier une mouture amendée de la première formule gouvernementale qu’il avait proposée en juin dernier à Michel Aoun.

La seconde formule ministérielle, à laquelle semble tenir Michel Aoun, repose sur l’idée de renflouer et de consolider le gouvernement actuel en élargissant sa composition à 30, les six ministres additionnels devant être des ministres d’État au profil politique, donc relevant des partis.

Ces informations confirment les divergences inconciliables jusqu’à nouvel ordre entre les deux hommes.

Najib Mikati veut une équipe ministérielle qui ne soit pas sous l’emprise du gendre du président Aoun, Gebran Bassil, chef du CPL. Le chef de l’État, en revanche, essaie de moduler la mouture gouvernementale de manière que le parti qu’il a fondé (le CPL) garde la main haute sur les décisions au sein de la nouvelle équipe ministérielle. Et pour cause: c’est cette équipe qui assumera les prérogatives présidentielles au cas où, pour une raison ou pour une autre, l’élection d’un nouveau chef de l’État s’avérerait impossible dans les délais constitutionnels. Le cas échéant, Gebran Bassil cherche à avoir un droit de regard sur une éventuelle nouvelle équipe ministérielle, d’autant qu’il est engagé dans une campagne acharnée contre Najib Mikati qu’il accuse de vouloir s’arroger les prérogatives présidentielles une fois le mandat de Michel Aoun terminé.