Un responsable occidental, en visite à Beyrouth dans le cadre d’une tournée régionale, a tenu une série de réunions officieuses, loin des feux de la rampe, avec divers acteurs de la société libanaise.

Un haut responsable auprès d’un État occidental a effectué récemment une visite au Liban dans le cadre d’une tournée qui l’a mené dans un certain nombre de pays de la région. La visite s’est déroulée loin des feux de la rampe et a été marquée par une série d’entretiens officieux. Les personnalités avec qui ce responsable occidental a eu des échanges sur l’actualité locale ont été priées de rester discrètes sur la teneur des discussions.

Les informations obtenues par Ici Beyrouth à ce sujet restent ainsi dans le cadre de généralités, les hôtes de la personnalité en question ayant voulu respecter leur parole. Elles demeurent néanmoins importantes parce qu’elles démontrent que la guerre en Ukraine et les crises qu’elle a générées au niveau international n’ont pas entièrement occulté le dossier libanais et donnent une indication sur les sujets auxquels les États qui suivent ce dossier accordent un intérêt.

L’hôte étranger du Liban a voulu sonder différentes parties locales au sujet des développements en cours dans le pays, de la crise socio-économique qui frappe le pays à la paralysie politique, en passant par le dossier des négociations indirectes entre Beyrouth et Tel Aviv au sujet de la démarcation des frontières maritimes sud ou encore l’état des médias au Liban.

C’est que le haut responsable occidental a eu des entretiens avec des représentants de divers médias qui lui ont expliqué les difficultés auxquelles ils sont exposés, contrairement aux organes d’information du Hezbollah qui semblent, à leur avis, moins affectés par la crise. Ils ont aussi relevé la facilité d’accès des médias de la formation pro-iranienne aux réseaux sociaux et l’importance de leur visibilité à ce niveau, contrairement aux médias dont la politique va dans le sens d’une opposition à l’hégémonie iranienne sur le Liban.

L’incapacité des autorités libanaises à mener des réformes, ou plutôt l’absence de volonté officielle à s’engager sur cette voie, pour commencer à sortir le Liban des crises dans lesquelles il se débat et lui permettre de bénéficier d’une aide internationale à ce niveau, a été longuement débattue, en même temps que la paralysie au niveau du dossier gouvernemental. Nombreux sont ceux qui, parmi les intervenants durant les discussions informelles libano-occidentales, ont établi un lien entre les deux et prévu un vide présidentiel après le 31 octobre, date à laquelle le mandat du président Michel Aoun expire. Ce panorama a poussé le haut responsable étranger à poser la question suivante à ses hôtes: "Pensez-vous qu’un effondrement total du Liban pourrait favoriser un début de solution des crises"? Il semble que personne n’a pu répondre à cette question jugée très ambiguë, notamment pour ce qui a trait à "l’effondrement total" sur lequel l’hôte étranger n’a pas voulu apparemment s’attarder.

Ce dernier a par ailleurs évoqué avec ses hôtes le dossier de la démarcation des frontières maritimes avec Israël. Il semblait intéressé de les sonder sur les chances de réussite de la mission du médiateur américain, Amos Hochstein. A ce sujet, il convient de rappeler que l’émissaire américain est attendu à Beyrouth, normalement durant la première quinzaine de septembre, porteur d’une réponse israélienne à l’offre libanaise (le champ de Karish contre celui de Cana et un nouveau tracé de la ligne 23). Selon la personnalité occidentale, si les résultats de cette médiation s’avèrent positifs, le Liban pourra enfin lancer les opérations de prospection gazière offshore au niveau de sa frontière sud.

Il ressort cependant, d’après son analyse, que le médiateur américain ne se contentera pas d’évoquer avec ses interlocuteurs libanais la question de la délimitation des frontières. L’Europe, les États-Unis et les pays du Golfe qui gardent le Liban à l’œil et pointent du doigt la corruption endémique dans le pays, semblent intéressés de connaître le sort des revenus des opérations d’extraction du gaz. L’idée est, en d’autres termes, de s’assurer à l’avance des mécanismes qui seront mis en place pour que le Liban, en tant qu’État, et son peuple, profitent des recettes générées par l’exploitation des ressources gazières et de la législation correspondante.