Les parents et les proches des victimes de l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth ont demandé dimanche aux groupes parlementaires d’"exercer des pressions sur le Parlement afin d’obtenir le vote de la loi sur l’indépendance de la justice", au cours de leur sit-in mensuel dimanche devant la statue de l’Émigré, à l’entrée du port.

Ce rendez-vous mensuel depuis trois ans est destiné à empêcher que leur cause ne tombe dans l’oubli du fait du blocage continu par les forces politiques, de l’enquête sur les causes de l’explosion de plusieurs centaines de tonnes de nitrate d’ammonium mal stockées au port. Le juge d’instruction près la cour de justice Tarek Bitar, en charge de l’enquête, fait l’objet d’une série de recours en dessaisissement, présentés par les anciens ministres et députés actuels, Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, ainsi que par l’ancien chef du gouvernement Hassane Diab et l’ancien ministre Nohad Machnouk. Tarek Bitar avait délivré des mandats à leur encontre après avoir retenu leur responsabilité, avec d’autres responsables administratifs et sécuritaires, dans l’explosion qui a fait 234 tués, plus de 7.000 blessés et détruit de nombreux quartiers de la capitale.

Les parents des victimes qui ont encore une fois stigmatisé le blocage de l’enquête et tiré à boulets rouges contre la classe politique qui s’acharne à empêcher que la lumière soit faite sur cette tragédie, ont principalement critiqué le ministre sortant des Finances Youssef Khalil, qui refuse de signer le décret de nominations judiciaires, nécessaires pour que l’assemblée plénière de la Cour de cassation puisse être complétée. Ils ont demandé aux groupes parlementaires d’"exercer des pressions sur le Parlement afin d’obtenir le vote de la loi sur l’indépendance de la justice". Pour eux, ce texte "doit impérativement contenir une clause empêchant un juge de suspendre son enquête s’il fait l’objet d’un recours".