Il y a un an, jour pour jour, nous quittait Alain Ménargues, journaliste, grand reporter, écrivain, bien connu d’une large partie de l’opinion publique libanaise, plus particulièrement dans les milieux francophones.

Né à Baden Baden, en République fédérale d’Allemagne, Alain Ménargues était diplômé de l’Institut de Sciences politiques de Strasbourg et détenteur d’une licence en journalisme (Strasbourg) et d’un DESS en Ingénierie en Intelligence économique (Marnes la Vallée). Au cours de sa riche carrière, il a été à de nombreuses occasions un journaliste "de terrain" couvrant pour divers médias occidentaux ou moyen-orientaux l’actualité "brûlante" et les bouleversements qui secouaient le monde, notamment la région du Moyen-Orient.

Alain Ménargues a planché sur les grands dossiers de l’actualité régionale et internationale, et dans ce cadre ses centres d’intérêt ne se sont pas limités à des contextes déterminés ou une zone précise, comme l’indique la longue liste des médias avec lesquels il a collaboré au fil des ans un peu partout dans le monde.

Il avait commencé sa carrière au début des années 1970 en tant que rédacteur au Nouvel alsacien de Strasbourg et à l’ORTF Alsace (Strasbourg) puis à Fr 3 Picardie, avant de devenir reporter pour couvrir les grands événements qui secouaient le monde. De la chute de Saïgon et de Phnom Penh (en 1975), au retour de Yasser Arafat à Gaza, en 1994, en passant par l’invasion israélienne du Liban, en 1982, la guerre Iran-Irak (1984), la signature des accords d’autonomie entre Israël et les Palestiniens, en 1993, et la guerre civile en Algérie de 1994 (entre autres événements), Alain Ménargues était sur le terrain, sans relâche, défiant tous les dangers, pour rapporter des témoignages et informer l’opinion publique.

L’attachement au Liban

Mais c’est surtout le Liban qui semblait passionner Alain Ménargues. En sa qualité de journaliste il a couvert les grands tournants de la crise libanaise, notamment l’élection de Béchir Gemayel à la présidence de la République, le massacre de Sabra et Chatila, les négociations de paix libano-israéliennes, la guerre du Chouf de 1983, les attentats contre les quartiers généraux des forces françaises et américaines postées au Liban dans le cadre de la Force multinationale etc. Fort de ces riches expériences vécues au Liban, Alain Ménargues a publié deux livres-références, Les secrets de la guerre du Liban (deux tomes, édités en 2004 et en 2012), et bien avant, Les larmes de la colère (1991).

L’attachement au pays du Cèdre ne s’est toutefois pas limité à l’aspect professionnel. Alain Ménargues s’est établi au Liban, s’est intégré à la société libanaise, et a épousé une Libanaise, originaire de Zahlé, Katia Fakhouri, qui a vécu avec lui une vie intense intellectuellement. D’une certaine façon, Alain Ménargues ne s’est pas contenté de vivre au Liban, mais il a tenu surtout à vivre le Liban. Une petite nuance qui fait toute la différence et que nombre de journalistes, d’experts ou de professeurs universitaires occidentaux négligent ou refusent d’admettre et de prendre en considération, ce qui rend biaisée, dans certains cas, leur perception et leur compréhension des réalités libanaises et du "Liban profond". Une faille qu’Alain Ménargues a su éviter avec lucidité et perspicacité.