Des responsables du Hezbollah ainsi que certains dirigeants libanais s’interrogent sur les raisons du refus du Liban d’accepter ce que l’on appelle couramment "le don iranien" de carburant pour fournir les centrales de production d’électricité au Liban. Selon les informations disponibles, il semblerait que les Iraniens souhaitent, dans un premier temps, que le Liban officiel reconnaisse qu’il traite avec l’Iran, surtout que ce dernier est soumis à des sanctions américaines.

Par conséquent, l’Iran insiste pour qu’il y’ ait une demande claire et officielle du Premier ministre par intérim, Najib Mikati, autorisant une délégation libanaise à se rendre à Téhéran pour finaliser les modalités du " don " en question. Les Iraniens ont utilisé comme appât les spécifications du fioul dans le but d’encourager les autorités libanaises à franchir le pas, en informant verbalement le ministère de l’Énergie qu’ils sont prêts à garantir les spécifications du carburant requises par le Liban.

Jusqu’à présent, le Premier ministre Mikati hésite toujours à répondre à cette proposition, et ce, pour diverses raisons, dont certaines revêtent un caractère politique, liées notamment aux sanctions et aux relations avec les pays du Golfe. Alors que d’autres sont d’ordre technique, dans le sens où le Premier ministre désigné préfèrerait une source qui assurerait la pérennité de l’approvisionnement du Liban en fioul.

Ceci dit, cette option ne sera évidemment pas gratuite, et au stade actuel, l’argent pour la financer n’est simplement pas disponible.

D’aucuns qui suivent ce dossier affirment que si le don iranien venait à se concrétiser, cette option ne serait pas pour une durée illimitée. De plus, la quantité, bien qu’indéterminée jusqu’à l’heure, restera insuffisante. Partant, il est actuellement impossible de savoir si les heures d’alimentation en électricité augmenteront en raison du contrat avec l’Irak, ce dernier devant fournir au Liban un million de tonnes de fioul, ce qui permettra de produire une heure ou deux heures d’électricité tout au plus. La quantité du fioul fournie par le truchement du " don iranien " serait-elle supérieure ?

Les observateurs rappellent qu’il serait illusoire de compter sur le fioul iranien pour augmenter les heures d’alimentation du pays en électricité et les tarifs dans la foulée, expliquant que cette solution n’est qu’un bouche-trou temporaire. Et, d’ajouter, qu’au cas où le Liban déciderait de se fournir en carburant de l’Iran de manière permanente, il devra alors payer son approvisionnement en livres libanaises selon le taux de change du dollar, ou selon le taux de la plateforme bancaire de Sayrafa. Cependant, cette option n’est pas viable du fait que l’Électricité du Liban n’est pas en mesure d’assurer le financement de cet achat.

Par ailleurs, les développements actuels de la situation en Irak risquent d’entraver le renouvellement du contrat d’approvisionnement du Liban avec un million de tonnes de fioul supplémentaire. Dans ce cas de figure, les centrales électriques du Liban seront alors privées de toute source d’approvisionnement en carburant, fut-elle très limitée. Par conséquent, les appels à accepter le " don iranien " vont aller crescendo, et ceci dans un contexte de pure propagande. À savoir que l’unique solution pérenne pour le Liban est d’acheminer le gaz d’Égypte et l’électricité de Jordanie. Mais ce plan risque de ne pas voir le jour tant que les autorités libanaises continuent de freiner la formation de l’autorité de régulation du secteur de l’électricité, et s’abstient d’augmenter les tarifs et d’arrêter le gaspillage technique de l’électricité et son pillage.