Le président du CSM Souheil Abboud, et le bâtonnier de Beyrouth Nader Gaspard ont tenu une réunion pour discuter de l’affaire de la nomination d’un juge suppléant à Tarek Bitar, en charge de l’explosion du 4 août 2022 au port de Beyrouth.

Le président du Conseil supérieur de la magistrature, Souheil Abboud, a tenu une longue réunion jeudi avec le président de l’ordre des avocats de Beyrouth, Nader Gaspard, qu’il a reçu en son bureau et qui avait mis en garde la veille contre la nomination d’un juge suppléant à Tarek Bitar, en charge de l’instruction du dossier de l’enquête sur l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth.

A l’ordre du jour de cette réunion aussi, le dossier des permutations judiciaires qui continue d’être bloqué, empêchant entre autres cette enquête d’avancer.

Devant M. Gaspard, le juge Abboud a insisté sur trois éléments essentiels: le vote de la loi sur l’autonomie de la justice qui croupit dans les tiroirs du Parlement, l’approbation du train de permutations et de nominations judiciaires ou du moins d’une partie de celles-ci, afin de compléter la composition de l’assemblée générale de la cour de cassation, ainsi qu’une amélioration de la situation des juges.

A son tour, le bâtonnier a fait état d’une entente et d’un plan commun en vue d’une dynamisation du travail des tribunaux, en révélant qu’une réunion "importante" va se tenir la semaine prochaine.

Mercredi, dans un mémorandum qu’il a adressé au juge Souheil Abboud pour l’exhorter de ne pas nommer un juge suppléant à Tarek Bitar, Nader Gaspard a accusé le ministre de la Justice, Henry Khoury, d’avoir "ordonné" au CSM d’entreprendre cette démarche et d’avoir violé à ce titre le principe de séparation des pouvoirs, d’autant que l’ordre donné correspond à la volonté d’une partie politique. Il faisait allusion au camp présidentiel qui cherche à obtenir la libération des personnes détenues dans le cadre de l’enquête sur l’explosion au port, dont notamment l’ancien directeur général des douanes Badri Daher qui lui est proche. Certes, leur maintien en détention à cause du blocage de l’enquête est injuste au plan strictement humain, mais au plan judiciaire et moral c’est leur libération qui serait injuste tant que l’investigation est bloquée. Leur remise en liberté dans ces conditions consacrerait une justice sélective par rapport au reste des parties prenantes dans cette affaire, notamment les parents des victimes de l’explosion, privés toujours du droit à la vérité qu’elles continuent de défendre. Un règlement de l’affaire des détenus devrait intervenir à travers un déblocage de l’enquête, avait argumenté M. Gaspard qui avait détaillé les raisons pour lesquelles la nomination d’un juge suppléant à Tarek Bitar était "nulle et non avenue".