Le dossier iranien occupe les devants de la scène à la veille du lancement du deuxième round des négociations sur le dossier nucléaire à Vienne.

Avant que les négociateurs ne se retrouvent autour de la table où la diplomatie reprendra ses droits afin de trouver un règlement entre les protagonistes, un autre round brûlant se joue, prenant tantôt la forme de déclarations véhémentes, de menaces et d’intimidations, tantôt la forme d’explosions et de raids aériens, autant dire des messages lourds de sens adressés à qui de droit, à savoir les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et Israël d’une part, l’Iran et ses bras armés en Irak, au Yémen et au Liban, d’autre part.

Les rafales sont rapides, indépendamment du jeu, l’objectif étant de marquer le plus grand nombre de points dans le but adverse.

En passant en revue ces rafales et les buts inscrits, une question pressante se pose, à savoir: où réside la force de l’Iran, qui nuit aux Arabes et menace leur sécurité et leur stabilité, avant même de nuire à Israël ou aux groupes extrémistes, contre lesquels il prétend lutter, pour préoccuper à tel point la communauté internationale?

Les données sur le terrain justifient cette question, qu’elles soient liées à l’explosion de Bassora en Irak ou au bombardement balistique de Riyad il y’a quelques jours et qui se sont traduits par les dernières sanctions américaines contre des individus ainsi que des organes militaires et sécuritaires iraniens, et la confiscation par Washington des armes iraniennes de deux navires dans la mer d’Oman lors manœuvres sécuritaires et maritimes de routine.

S’inscrivent également sur la liste des données, le raid aérien israélien effectué il y’a quelques jours sur le port de Lattaquié et l’annonce du Premier ministre israélien Naftali Bennett que son pays œuvre pour "lutter contre les forces destructrices dans la région".

Il est intéressant de noter que ces raids ont coïncidé avec les révélations faites par un journal américain faisant état de la présence de 1000 agents du Mossad actifs en Iran dont 10 scientifiques iraniens dans le nucléaire.

On peut rappeler sans ambages qu’un responsable américain évoque la possibilité de voir des responsables de la défense américains et israéliens aborder lors de la visite de ces derniers aux États-Unis la conduite d’exercices communs, brandissant la destruction potentielle des installations nucléaires iraniennes si le scénario du pire devait se produire et que la diplomatie échouait, bien qu’à ce jour les négociations restent l’option pour discuter de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran.

Le communiqué saoudo-français au sujet du Liban qui vise directement le Hezbollah, le bras armé le plus fort de l’Iran, s’inscrit sur cette liste également. En outre, les déclarations du président français Emmanuel Macron sont à prendre en compte, puisqu’il annoncé indiscutablement "qu’on ne peut traiter le dossier du nucléaire iranien sans aborder le dossier de la stabilité de la région" et a proposé à partir de Jeddah "l’implication des partenaires, y compris l’Arabie saoudite, dans les pourparlers régionaux".

Cela va évidemment de soi car la France ne considère pas les propositions iraniennes concernant le dossier nucléaire comme "une base raisonnable" à un quelconque accord.

La dernière position sur la situation critique de l’Iran notamment en ce qui concerne le sort des pourparlers de Vienne, a été révélée par la mise en garde britannique contre la dilapidation de la "dernière chance" pour revenir à l’accord nucléaire conclu en 2015, avant la reprise des pourparlers de Vienne en vue de ramener l’Iran à ses engagements nucléaires en échange de la levée des sanctions américaines.

Voilà ce qu’il en est du côté international. Mais quid de l’Iran? Où résident ses points forts?

Lors de la visite du prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane à Mascate, les Omanais ont accueilli favorablement les résultats des élections irakiennes qui se sont soldées par un échec cuisant pour ne pas dire une catastrophe pour l’Iran et ses alliés. Cet accueil favorable est d’autant plus important qu’il émane d’un pays qui a longtemps joué le rôle de médiateur au profit de l’Iran, précisément avant l’accord nucléaire conclu en 2015 et qui a été torpillé par l’ancien président américain Donald Trump.

Être fort ne se résume pas à mâter les manifestations qui se succèdent dans les villes iraniennes qui souffrent de la pauvreté ainsi que de la pénurie d’électricité et d’eau. La force ne se résume pas non plus dans l’effondrement de l’économie d’une entité qui se prétend être le parrain et le bailleur de fond de pays dont elle confisque la souveraineté, et non pas dans la tentative ratée d’assassiner le premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi, et non plus dans les tentatives désespérées et l’incapacité d’enregistrer une victoire notoire qui changerait la donne à Ma’areb.

Il en est de même pour les défaites répétées du Hezbollah, à commencer par les événements à Khaldé, au village de Chouaya, jusqu’à l’invasion de Aïn el-Remmané, sans compter les camouflets infligés à répétition suite aux manœuvres visant à destituer le juge d’instruction Tarek Bitar dans l’affaire de l’explosion du port.

Être fort ne consiste pas à se rapprocher des émiratis, ni à adresser un avertissement bienveillant par le biais du président iranien Ibrahim Raissi concernant la normalisation des Émirats arabes unis avec Israël. Il ne s’agit pas non plus de souligner que "la politique de rupture de l’Iran vise à protéger les populations islamiques des sionistes qui poursuivent leurs objectifs funestes dans la région", tout en occultant que là où l’Iran assoit son pouvoir, le malheur, la ruine, la mort, la faim et la pauvreté s’en suivent, comme c’est déjà le cas en Irak, en Syrie au Liban et au Yémen.

Par conséquent, peut-être que nous devrions remonter à certains antécédents historiques pour conclure que la force de l’Iran est dans son besoin de brandir un épouvantail pour apeurer les pays de la région et leurs populations et les mettre au pied du mur, ce qui les oblige à répondre aux exigences des grandes puissances, qui ont permis l’amplification du rôle de l’Iran dans le but unique d’exploiter l’étendue de ses atteintes aux pays de la région afin de les pousser à prendre des mesures et des dispositions qui répondent à leurs intérêts et leurs projets dans la région, à l’instar de la levée des restrictions sociales, la marche vers la mondialisation et la normalisation avec Israël, et ce uniquement pour se protéger des velléités de l’Empire perse qui s’est réveillé avec la révolution islamique, en utilisant les chiites arabes pour mettre en œuvre son agenda, sapant ainsi les pays visés de l’intérieur pour que cet empire recouvre sa gloire d’antan.

Si la source de la puissance iranienne se limite uniquement à son pouvoir destructeur et à l’exploitation des grandes puissances de cette force, alors la question est de savoir quel serait le sort de wilayat el-faqih, lorsque "ses services" seront épuisés et que le rôle régional qu’il joue, consciemment ou à son insu, n’aura plus lieu d’être, exactement comme ce fut le cas pour Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi, l’OLP et bien d’autres?!