Dans un entretien exclusif accordé à Ici Beyrouth, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, se penche sur de nombreux dossiers, dont la formation du gouvernement, l’élection présidentielle, la fin du mandat du président Michel Aoun et la délimitation de la frontière maritime avec Israël.

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a déclaré samedi "que son parti s’opposera à tout gouvernement d’unité nationale, en dépit des pressions politiques exercées pour la formation d’un nouveau Cabinet", lors d’un entretien exclusif accordé à Ici Beyrouth.

Le leader de Meerab a en effet insisté sur ce point, expliquant que la seule vraie priorité aujourd’hui pour le pays est d’élire un président. "Entre la formation du prochain Cabinet, l’élaboration de la déclaration ministérielle qui nécessitera deux semaines et enfin les deux semaines qu’il faudra au Parlement pour lui accorder sa confiance, voilà le mandat de Michel Aoun achevé", a-t-il déploré. "La priorité est à l’élection présidentielle", a-t-il réitéré. "Qu’il y ait un gouvernement ou pas, la situation restera similaire à celle que nous vivons aujourd’hui, car même si des changements ont lieu au niveau de la formation, ils n’auront aucun effet", a affirmé le leader chrétien.

L’élection présidentielle

"Notre candidat à la présidence de la République est le député Michel Mouawad et il le restera. D’ailleurs, nous voterons pour lui lors de la prochaine séance électorale", a assuré M. Geagea. "Il s’agit maintenant d’unifier l’opposition au sein du Parlement. C’est pourquoi nous œuvrons activement auprès des différentes factions politiques qui constituent l’opposition pour qu’elles soutiennent la candidature de Michel Mouawad, d’autant plus qu’il possède le profil recherché et est doté des critères nécessaires pour assumer cette fonction", a-t-il précisé.

Interrogé sur l’ambition du chef du parti Marada, Sleiman Frangieh, à succéder à Michel Aoun, le chef des FL a maintenu que "bien que l’ancien député et ministre tente d’être perçu comme un candidat d’entente nationale, il demeure toutefois un allié du camp du 8 Mars et donc du Hezbollah; c’est pourquoi il est impossible pour les Forces libanaises de le soutenir".

La fin du mandat de Michel Aoun

"Le président de la République, Michel Aoun, quittera le palais de Baabda le 31 octobre (date marquant la fin du sexennat, NDLR). Selon mes informations, les préparatifs de son départ ont déjà commencé", a révélé Samir Geagea, profitant de cette occasion pour demander que "le calme soit respecté à cette date afin d’éviter d’éventuelles confrontations dans la rue".

L’accord de Meerab

Répondant aux critiques l’accusant d’avoir facilité à Michel Aoun l’accès au palais de Baabda par le biais de l’accord de Meerab (conclu en février 2016), M. Geagea a souligné que "ce document d’entente entre les FL et le Courant patriotique libre était nécessaire à ce moment-là", confirmant par ailleurs qu’un "accord de Meerab 2.0 n’aura certainement pas lieu, ni avec le CPL ni avec son leader, Gebran Bassil".

La délimitation de la frontière maritime avec Israël

Concernant les négociations sur la délimitation de la frontière maritime avec Israël, le chef des FL a assuré que "la conclusion de l’accord n’aura pas lieu dans l’immédiat, comme le rapportent certains responsables politiques", notamment à cause des atermoiements sur le plan gouvernemental.

Les réformes

Se penchant sur la question des réformes, Samir Geagea a insisté qu’elles "ne seront pas mises en œuvre avec le président et le gouvernement actuels", les qualifiant ironiquement de "pseudo-réformes". "Il n’y a aucun espoir d’un plan de redressement et de réformes sans mettre un terme au trafic de drogues et à la contrebande", a-t-il conclu.