Le ministre sortant du Travail, Mustafa Bayram, a annoncé au cours d’une conférence de presse le lancement sur le site du ministère d’une section consacrée aux offres d’emploi émanant du Qatar. Jusque-là, rien de plus normal, même si certains estiment qu’il s’agit là d’une incitation à l’émigration, au lieu de chercher à garder les forces vives de la nation. Mais le ministère ne s’est pas arrêté à cet " exploit ". Il s’est employé, comble de l’irrégularité, à divulguer les données personnelles des demandeurs d’emploi, telles que, entre autres, le numéro de téléphone, le courriel, la date de naissance, la biographie, rendant ainsi ces informations personnelles accessibles aux visiteurs de la plateforme du ministère.

L’on ne peut s’empêcher de se demander dans ce cadre comment une institution, et a fortiori un ministère, peut-elle commettre une telle erreur fondamentale en négligeant de protéger les données de ses usagers ? S’agit-il là d’une bévue commise par inadvertance ? Ou par manque de planification ? Ou encore par opportunisme, sans prendre toute la mesure des conséquences d’une telle démarche ?

Quoi qu’il en soit, ce ministère a bel et bien facilité la violation de la vie privée des demandeurs d’emploi, dans la mesure où tout responsable peut accéder au site Web du ministère, le parcourir, obtenir les données relatives aux demandeurs d’emploi, publier les informations collectées, ou même accéder à des données personnelles confidentielles.

Même si le ministère avait pour intention d’aider la jeunesse libanaise à trouver des opportunités de travail à l’étranger, il reste qu’il est tenu d’assurer la protection des données personnelles de manière sécurisée.

De l’avis de la majorité des juristes, les données personnelles doivent être protégées et les dossiers des employés classés confidentiels. À ce titre, des activistes et des professionnels de la communication se sont insurgés sur les réseaux sociaux contre cette affaire et ont accusé l’État de proposer sa population au plus offrant.

En tout état de cause, des sources judiciaires se sont interrogées sur les motivations du ministère, d’autant que le ministre concerné connaît parfaitement le Code du travail, sans compter que le ministère reste le recours pour rétablir les droits de tous les travailleurs sur le territoire libanais.  De même, des sources qui suivent de près la situation au Liban estiment que le ministère a commis une erreur en diffusant des données personnelles sur son site, sans savoir s’il s’agit d’un acte délibéré, ou s’il existe d’autres motivations qui l’ont incité à agir de la sorte.

Et ces sources de rappeler que si le ministère souhaitait faciliter les démarches des demandeurs d’emploi, il aurait dû suivre les procédures telles qu’elles ont été prévues par la loi, sans violer les règles établies, en respectant la confidentialité des candidatures, comme c’est le cas pour tous les ministères sans exception.

Il reste que selon les sources du ministère du Travail, le site Web du ministère laissait la possibilité de rendre publiques les informations ou de s’abstenir de le faire en cochant une case prévue à cet effet. Pour ces sources, dénigrer la plate-forme est inacceptable, d’autant que les informations sont en tout cas accessibles et le demandeur est libre de les afficher ou pas.

Les sources précitées défendent la décision du ministère, rappelant qu’elle est bien étudiée. D’ailleurs, depuis son lancement, le nombre de demandes d’emploi a atteint trois mille demandes. Mais à quel prix ?