L’inscription massive des Libanais sur les listes électorales pour les prochaines élections législatives de 2022, avec 244.442 inscrits contre 92.810 lors du scrutin de 2018 n’indique pas forcément une forte participation et un vote desdits électeurs à la prochaine échéance. De nombreuses statistiques récentes montrent l’intention d’un grand nombre de Libanais de boycotter les élections, soit parce qu’ils ont atteint un tel degré de désespoir qu’ils sont désormais indifférents à l’actualité politique dans son ensemble, soit parce qu’ils souhaitent sanctionner ainsi les forces politiques, partant du principe qu’il n’existe pas, pour l’instant, d’alternative convaincante à l’establishment actuel à laquelle ils pourraient confier les rênes du pays pour le mener à bon port.
Les forces et les groupes de l’opposition incitent les électeurs à exercer un "vote sanction" contre les partis et les forces pour lesquels ils avaient voté en 2018 et à donner une chance à de nouvelles personnalités n’appartenant pas au système qui gouverne le Liban depuis des décennies. Cependant, un grand nombre d’électeurs, notamment ceux, amers et déçus, qui n’ont quitté les rangs des partis traditionnels que récemment, préfèrent plutôt boycotter les élections. C’est ainsi que, dans leur optique, ils sanctionnent les députés qu’ils avaient élus auparavant, plutôt que de voter pour des personnalités qu’ils ne connaissent pas bien ; surtout après l’entreprise de diabolisation en règle menée par des formations politiques contre les groupes de l’opposition, dépeints comme "des agents au service de l’étranger".
Selon l’expert en élections Antoine Moukheiber, les électeurs s’orienteraient "plutôt vers un vote sanction que vers un boycott des élections". "Mais tout dépendra de l’alternative proposée et du degré de son sérieux. Les gens attendent de voir ce qui va leur être proposé avant de se décider", confie-t-il à Ici Beyrouth.
M. Moukheiber ne manque pas de rappeler que "le nombre de ceux qui votent blanc est assez élevé", tout en précisant que "le boycott des élections servira les forces au pouvoir, compte tenu du fait que nombre des électeurs qui opteront pour le boycott le feront pas rejet du système en place", et sont donc autant de voix perdues pour garantir le changement.
Alors que certains partis au pouvoir pavoisent déjà en assurant que leur popularité n’a pas bougé d’un iota et qu’ils obtiendront des résultats saisissants aux prochaines élections, d’autres reconnaissent que la réalité pèsera lourd sur le prochain scrutin, que ce soit en termes de participation ou de résultats. Le député Bilal Abdallah, membre du Rassemblement démocratique, estime ainsi que "le niveau de frustration chez les gens est énorme au regard de la crise socio-économique profonde que nous traversons et qui est sans précédent dans l’histoire du Liban". "Ceci se reflétera indéniablement sur le niveau de participation au scrutin, et je pense que ceux qui affirment le contraire pèchent par arrogance", souligne le député joumblattiste à Ici Beyrouth.
Bilal Abdallah estime que "chaque force politique adoptera un discours visant à mobiliser les électeurs et les pousser à se rendre aux urnes". " Nous espérons toutefois que leur rhétorique et leur tonalité restera patriotique et n’excitera pas, dans la mesure du possible, les instincts sectaires et confessionnels", précise-t-il, en estimant "qu’il est toutefois trop tôt pour parler de cette question étant donné que tout le monde attend encore les résultats du recours en invalidation de la loi électorale et la fin des préparatifs constitutionnels". "La plupart des machines électorales ne sont pas encore officiellement lancées à l’exception de quelques actions au niveau de la diaspora, et il n’y a pour l’instant rien de sérieux non plus au niveau des candidatures ou des alliances hormis des déclarations d’intention", note-t-il.
Les forces et les groupes de l’opposition appréhendent aussi que certaines forces au pouvoir ne tentent de convaincre leur électorat habituel de boycotter le scrutin plutôt que de voter pour l’opposition s’ils s’aperçoivent que les intentions de vote sont en leur défaveur. La députée démissionnaire Paula Yaacoubian souligne ainsi que "le boycott n’a jamais donné le résultat escompté au Liban". "Il ne changera pas les pratiques du pouvoir et ne poussera pas ce dernier à améliorer ses performances, mais permettra au contraire à la classe politique de se refaire une santé". Dans un entretien à *Ici Beyrouth*, Mme Yaacoubian insiste sur "l’importance du vote sanction et de désapprouver dans les urnes une classe politique qui a ruiné le pays", estimant qu’il s’agit là du "seul moyen pour contraindre les partis au pouvoir à améliorer leur rendement".
"Ces partis ont aujourd’hui recours à des manœuvres d’intimidation et font miroiter aux Libanais l’existence d’une menace existentielle afin de récolter leurs voix à nouveau et faire oublier leurs échecs et autres incapacités à honorer leurs promesses électorales et accomplir quoi que ce soit… ", ajoute la députée de Beyrouth, qui dénonce un retour de l’establishment à "ses vieilles habitudes, en l’occurrence à la manie un peu facile de rejeter la responsabilité sur les autres et de se blâmer mutuellement" .
Paula Yaacoubian ne nie pas ses craintes de voir un grand nombre d’électeurs boycotter les élections, "ce que certains partis au pouvoir recherchent en poussant des personnes à promouvoir, auprès de l’électorat mécontent du pouvoir, l’idée de rester chez soi". "S’abstenir de voter n’apportera aucun résultat et le vote pour l’opposition reste la seule solution", ajoute-t-elle.
Et de conclure : "L’opposition est active de manière régulière depuis 2016. Elle a participé aux élections municipales, puis aux législatives et a longtemps mis en garde contre ce pouvoir qui allait conduire ce pays à la ruine. Voilà qui est fait. C’est la raison pour laquelle il faut lui donner une chance."
Les forces et les groupes de l’opposition incitent les électeurs à exercer un "vote sanction" contre les partis et les forces pour lesquels ils avaient voté en 2018 et à donner une chance à de nouvelles personnalités n’appartenant pas au système qui gouverne le Liban depuis des décennies. Cependant, un grand nombre d’électeurs, notamment ceux, amers et déçus, qui n’ont quitté les rangs des partis traditionnels que récemment, préfèrent plutôt boycotter les élections. C’est ainsi que, dans leur optique, ils sanctionnent les députés qu’ils avaient élus auparavant, plutôt que de voter pour des personnalités qu’ils ne connaissent pas bien ; surtout après l’entreprise de diabolisation en règle menée par des formations politiques contre les groupes de l’opposition, dépeints comme "des agents au service de l’étranger".
Selon l’expert en élections Antoine Moukheiber, les électeurs s’orienteraient "plutôt vers un vote sanction que vers un boycott des élections". "Mais tout dépendra de l’alternative proposée et du degré de son sérieux. Les gens attendent de voir ce qui va leur être proposé avant de se décider", confie-t-il à Ici Beyrouth.
M. Moukheiber ne manque pas de rappeler que "le nombre de ceux qui votent blanc est assez élevé", tout en précisant que "le boycott des élections servira les forces au pouvoir, compte tenu du fait que nombre des électeurs qui opteront pour le boycott le feront pas rejet du système en place", et sont donc autant de voix perdues pour garantir le changement.
Alors que certains partis au pouvoir pavoisent déjà en assurant que leur popularité n’a pas bougé d’un iota et qu’ils obtiendront des résultats saisissants aux prochaines élections, d’autres reconnaissent que la réalité pèsera lourd sur le prochain scrutin, que ce soit en termes de participation ou de résultats. Le député Bilal Abdallah, membre du Rassemblement démocratique, estime ainsi que "le niveau de frustration chez les gens est énorme au regard de la crise socio-économique profonde que nous traversons et qui est sans précédent dans l’histoire du Liban". "Ceci se reflétera indéniablement sur le niveau de participation au scrutin, et je pense que ceux qui affirment le contraire pèchent par arrogance", souligne le député joumblattiste à Ici Beyrouth.
Bilal Abdallah estime que "chaque force politique adoptera un discours visant à mobiliser les électeurs et les pousser à se rendre aux urnes". " Nous espérons toutefois que leur rhétorique et leur tonalité restera patriotique et n’excitera pas, dans la mesure du possible, les instincts sectaires et confessionnels", précise-t-il, en estimant "qu’il est toutefois trop tôt pour parler de cette question étant donné que tout le monde attend encore les résultats du recours en invalidation de la loi électorale et la fin des préparatifs constitutionnels". "La plupart des machines électorales ne sont pas encore officiellement lancées à l’exception de quelques actions au niveau de la diaspora, et il n’y a pour l’instant rien de sérieux non plus au niveau des candidatures ou des alliances hormis des déclarations d’intention", note-t-il.
Les forces et les groupes de l’opposition appréhendent aussi que certaines forces au pouvoir ne tentent de convaincre leur électorat habituel de boycotter le scrutin plutôt que de voter pour l’opposition s’ils s’aperçoivent que les intentions de vote sont en leur défaveur. La députée démissionnaire Paula Yaacoubian souligne ainsi que "le boycott n’a jamais donné le résultat escompté au Liban". "Il ne changera pas les pratiques du pouvoir et ne poussera pas ce dernier à améliorer ses performances, mais permettra au contraire à la classe politique de se refaire une santé". Dans un entretien à *Ici Beyrouth*, Mme Yaacoubian insiste sur "l’importance du vote sanction et de désapprouver dans les urnes une classe politique qui a ruiné le pays", estimant qu’il s’agit là du "seul moyen pour contraindre les partis au pouvoir à améliorer leur rendement".
"Ces partis ont aujourd’hui recours à des manœuvres d’intimidation et font miroiter aux Libanais l’existence d’une menace existentielle afin de récolter leurs voix à nouveau et faire oublier leurs échecs et autres incapacités à honorer leurs promesses électorales et accomplir quoi que ce soit… ", ajoute la députée de Beyrouth, qui dénonce un retour de l’establishment à "ses vieilles habitudes, en l’occurrence à la manie un peu facile de rejeter la responsabilité sur les autres et de se blâmer mutuellement" .
Paula Yaacoubian ne nie pas ses craintes de voir un grand nombre d’électeurs boycotter les élections, "ce que certains partis au pouvoir recherchent en poussant des personnes à promouvoir, auprès de l’électorat mécontent du pouvoir, l’idée de rester chez soi". "S’abstenir de voter n’apportera aucun résultat et le vote pour l’opposition reste la seule solution", ajoute-t-elle.
Et de conclure : "L’opposition est active de manière régulière depuis 2016. Elle a participé aux élections municipales, puis aux législatives et a longtemps mis en garde contre ce pouvoir qui allait conduire ce pays à la ruine. Voilà qui est fait. C’est la raison pour laquelle il faut lui donner une chance."
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