Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a déclaré que le président Michel Aoun " nous a fait perdre 40 ans de notre vie, en commençant avec les Forces libanaises avant de continuer avec le reste des Libanais " dans une allusion implicite au conflit fraternel entre les FL et la troupe dans les années 1980.  Répondant aux questions de notre consœur Nayla Tueini pour AnNahar, Samir Geagea a tiré à boulets rouges sur Michel Aoun, son gendre et chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, ainsi que sur les députés du " changement ". " Durant le mandat de Michel Aoun, la présidence de la République a été le plus souvent humiliée " a affirmé le président des FL.

Présidentielle

Samir Geagea s’est longuement arrêté sur le dossier de la présidentielle alors que le mandat de l’actuel locataire de Baabda se termine ce dimanche et qu’aucun successeur ne lui a été choisi par la Chambre. Concernant sa propre candidature qu’il n’a jamais annoncée, il a assuré " être confiant de ses capacités à redresser le pays " mais qu’il n’obtiendrait pas la majorité. Et d’ajouter : " Mon arrivée à la présidence ne plairait pas à l’axe de la Moumanaa parce que notre projet ne convient pas à celui du Hezbollah, des intérêts du CPL ou des intérêts des alliés du Hezb. Bien que l’opposition dans sa majorité aurait pu me donner ses voix, celles qui sont données à Michel Moawad, il reste les nouveaux députés, qui prennent une position idéologique sur tous les responsables politiques et les considèrent mauvais. Le Bloc de la modération nationale n’a pas pris de position claire à ce jour. Par conséquent, je ne me présenterai pas juste pour marquer le coup. "

Au sujet des autres candidatures, le chef des FL a expliqué avoir décidé de soutenir Michel Moawad car c’était le candidat le plus acceptable parmi les forces d’opposition, insistant " avoir beaucoup essayé de convaincre les nouveaux députés, mais qu’ils ne voulaient rien entendre ". Concernant l’absence de candidature de la part du Hezbollah et de ses alliés, Samir Geagea a écarté la possibilité que l’axe de la Moumanaa présente un candidat contre Michel Moawad, affirmant que Gebran Bassil ne veut la présidence que pour lui, ce qui empêche le Hezbollah de trancher parce qu’il a besoin  " de la couverture chrétienne du CPL ". Il a également affirmé que le chef du CPL est un " menteur " en réponse à ses accusations d’achats de voix aux dernières législatives.

Il a de plus souligné que les FL pourraient soutenir la candidature du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, " si son nom est sérieusement sur la table ". Et d’ajouter :  " Il a fait preuve d’une bonne gouvernance à la tête de l’armée et a agi objectivement, en essayant de préserver cette institution autant que possible. Par conséquent, on dirait, dans la mesure du possible, que ses orientations politiques soient nationalistes et souverainistes. "

Le locataire de Meerab a par ailleurs insisté sur le fait que " les problèmes avec le Hezbollah peuvent se régler à travers un président fort, forme un gouvernement harmonieux fonctionnant correctement dirigé par un Premier ministre fort qui prend les positions appropriées et maintient les relations du Liban avec les pays arabes et la communauté internationale ".

Gouvernement et conférence de dialogue

Le chef des Forces libanaises a par ailleurs souligné que les prérogatives du président de la République seront " constitutionnellement transférés au gouvernement actuel ", considérant que " la vie politique ne tolère aucun vide ", affirmant qu’un nouveau gouvernement " ne changerait rien ".

Samir Geagea a également déclaré comprendre " la frustration de certains, en raison de l’absence de dirigeants sérieux qui prennent des décisions sérieuses ". Critiquant les députés du changement, il a souligné que " la " Révolution " n’a pas exigé que les nouveaux députés ne prennent pas de décision ", se demandant " comment représentent-ils la thawra en étant d’accord avec ceux qui se sont rebellés contre eux ".

En ce qui concerne la conférence de dialogue que souhaite organiser le président de la Chambre Nabih Berri, le chef des FL s’est contenté de répondre: " Pour faire quoi? ". Et d’ajouter : "Le bloc parlementaire de la " République forte " aura une position au cours des prochains jours sur les appels au dialogue ".