Comme au Liban, où le président Michel Aoun a signé jeudi matin, l’accord final sur la délimitation de la frontière maritime avec Israël, à Tel Aviv, le Premier ministre Yaïr Lapid, a signé le document lors d’une réunion spéciale de son cabinet.

Pour le chef du gouvernement israélien, il s’agit d’une " reconnaissance de fait " de l’État hébreu par Beyrouth, ce à quoi Michel Aoun a immédiatement répondu en affirmant que l’accord en question " est un acte technique qui n’a aucune portée politique ou des retombées qui seraient en contradiction avec la politique étrangère du Liban ou ses relations extérieures ".

" Le gouvernement d’Israël vient tout juste d’approuver l’accord sur la frontière maritime entre Israël et le Liban " lors d’une réunion spéciale du Conseil des ministres, a indiqué dans un message à la presse le bureau de M. Lapid.

Une opposition

Selon le quotidien israélien, Haaretz, la ministre israélienne de l’Intérieur, Ayelet Shaked, a été le seul membre du cabinet à refuser de voter.

" L’accord (…) renforce la sécurité et la liberté d’action d’Israël contre le Hezbollah et les menaces qui pèsent sur le nord " israélien,. Il existe un rare consensus parmi toutes les organisations de sécurité sur l’importance de l’accord. [Ils] l’approuvent tous d’autant qu’il s’agit d’un accomplissement politique. Ce n’est pas tous les jours qu’un Etat ennemi reconnaît l’Etat d’Israël dans un document écrit et ce, devant l’ensemble de la communauté internationale ", s’est félicité M. Lapid lors du Conseil des ministres.

Toujours selon le Haaretz, la copie israélienne de l’accord sera remise à un représentant de l’ONU par une délégation conduite par le directeur général du ministère de l’Énergie, Lior Schillat, qui dirige officiellement l’équipe de négociations avec le Liban.

Le chef de l’opposition israélienne Benjamin Netanyahu, en campagne contre M. Lapid pour les législatives du 1er novembre, avait fustigé l’accord avec le Liban et affirmé qu’il devait faire l’objet d’un vote de la Knesset (Parlement), voire d’un référendum. Dans la foulée, différentes organisations de droite avaient déposé quatre recours à la Cour suprême contre l’accord, en soutenant notamment qu’il devait recevoir l’appui du Parlement à l’heure où le gouvernement Lapid a perdu sa majorité, ce qui avait d’ailleurs catalysé la tenue des élections.

Mais dimanche, le plus haut tribunal en Israël avait rejeté ces appels, signifiant ainsi que l’accord avait besoin du feu vert du gouvernement seulement.

En vertu de l’accord négocié par les États-Unis avec l’appui de la France, le champ gazier offshore de Karish se situe entièrement dans les eaux israéliennes en Méditerranée orientale.

Le Liban, pour sa part, aura tous les droits d’exploration et d’exploitation du champ de Cana, situé plus au nord-est, dont une partie dans les eaux territoriales d’Israël. Mais " Israël sera rémunéré " par la firme exploitant Cana " pour ses droits sur d’éventuels gisements ", selon le texte. Avant même la signature de l’accord par les deux pays, prévu jeudi, le groupe énergétique Energean a lancé, mercredi, la production au gisement de Karish avec le projet d’y porter rapidement la production annuelle à 6,5 milliards de m3 de gaz naturel, puis à terme à 8 milliards de m3.

Ce gaz permettra, selon les autorités israéliennes, de réduire le coût de l’énergie au pays mais aussi de doper les exportations vers l’Europe, qui cherche à diversifier ses approvisionnements dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.