Le sommet franco-américain de jeudi a alimenté les analyses de presse sur une " intervention " américaine et française pour un déblocage du dossier de la présidentielle libanaise. Des analyses qui sont surtout " le fruit d’une imagination débordante ", estime-t-on dans des milieux diplomatiques occidentaux où l’on s’interroge sur l’origine des informations rapportées par les médias au sujet d’une éventuelle intervention américaine et française au Liban.

Certes, le dossier libanais a été évoqué durant le sommet de jeudi. Des diplomates américains ont exprimé leur satisfaction par rapport au passage réservé au Liban, dans la déclaration conjointe publiée au terme de leurs pourparlers, tout en relevant que nul ne peut savoir au stade actuel si les deux présidents ont évoqué la problématique libanaise en détail ou s’ils se sont contentés des grandes lignes.

Les Américains souhaitent bien entendu la tenue de l’élection présidentielle dans les délais les plus brefs, mais ne mettront en avant aucun nom et ne favoriseront aucun candidat au détriment d’un autre, toujours selon les sources diplomatiques occidentales. Leur politique à l’égard du Liban est constante. Elle consiste à contenir l’hégémonie du Hezbollah, sans pour autant dicter aux Libanais la conduite à suivre à ce niveau et à réagir en fonction des politiques suivies par le Liban à ce niveau. Si celles-ci vont dans le sens des orientations américaines, la réaction de Washington sera positive. Dans le cas contraire, l’administration américaine peut soit ignorer le Liban soit réagir négativement.

Une autre constante de la politique américaine se rapporte à la stabilité libanaise ainsi qu’à l’unité et à la cohésion de l’armée, indépendamment de la personne qui commande les forces régulières, toujours selon les mêmes sources. Le soutien apporté par Washington au processus qui a débouché sur la signature de l’accord libano-israélien sur la délimitation de la frontière maritime, en octobre dernier, est le reflet de l’attachement des États-Unis à la stabilité libanaise.

Le schéma est cependant différent pour Paris. L’Hexagone souhaite jouer un rôle prépondérant dans la région, avec le Liban comme point de départ, de l’avis de ces sources. Les Français sont d’ailleurs plus que les Américains, au courant de tout ce qui se rapporte au Liban, compte tenu des liens historiques, politiques, économiques et culturels entre les deux pays. À l’instar des États-Unis, la France fait pression pour l’élection d’un nouveau président de la République, mais sans soutenir un candidat particulier ou intervenir directement dans le dossier de la présidentielle. Son ambassadrice à Beyrouth, s’abstient ainsi d’évoquer des noms, dans le cadre de concertations avec des candidats qui l’accueillent, se contentant d’insister sur l’importance, pour le Liban, d’être doté d’un nouveau chef de l’État et sur le fait que son pays ne s’immisce pas dans des affaires qui sont du seul ressort des Libanais.

Il n’en demeure pas moins que Paris, soucieuse d’aider le Liban à sortir de l’impasse, multiplie les contacts, loin des feux de la rampe, avec l’Arabie Saoudite, le Qatar et l’Iran, souligne-t-on de mêmes sources. On précise aussi qu’au cours de ces pourparlers, des noms de présidentiables sont évoqués sans pour autant que l’un d’eux ne soit retenu.

Cette dynamique est suivie de près par les États-Unis. Ils prennent connaissance de l’évolution des discussions, notamment celles qui sont engagées par Paris avec le Hezbollah. Des discussions qui restent jusqu’à aujourd’hui au point mort parce que la formation pro-iranienne rejette toujours l’idée d’un candidat qui ne lui serait pas entièrement loyal.