Pour la banlieue sud de Beyrouth, ce sera une résistance et pour Achrafieh, ce sera une milice…Le monde à l’envers ! Du moins, aux yeux du rédacteur en chef d’Al-Akhbar, Ibrahim al-Amine.

Le lancement de l’initiative " Les yeux d’Achrafieh ", dont le but est d’assurer la sécurité des quartiers de ce secteur de Beyrouth par ses jeunes habitants a fait l’objet d’une véritable cabale, menée par le Hezbollah. Visant les habitants et les familles d’Achrafieh, celle-ci s’est prolongée dans les colonnes du quotidien Al-Akhbar, avec une série d’articles, dont un éditorial du rédacteur en chef, Ibrahim al-Amine.

Les messages contenus dans l’article de M. Al-Amine, porte-parole du Hezbollah, sont sans équivoque. Le Liban dans son ensemble devrait être sous le contrôle du mini-État, entendre le Hezbollah. Suivant cette logique, toute région qui échappe à ce contrôle est soit considérée comme étant traître, soit ses habitants sont jugés mécontents de la protection dont ils bénéficient.

Si Ibrahim al-Amine avait effectué une virée nocturne dans Achrafieh avant de lancer sa diatribe contre la famille Sehnaoui en particulier, et les habitants d’Achrafieh en général, il aurait pu constater la quiétude qui prévaut dans ce quartier après le lancement de l’opération " Les yeux d’Achrafieh ", parrainée par le député Nadim Gemayel en coordination avec l’armée libanaise et les forces de sécurité. Depuis un mois, le bilan des cambriolages à Achrafieh est de zéro, alors que les agressions, les vols et les homicides sont en nette augmentation dans le reste du pays.

Mais là, n’est pas une question qui intéresse Ibrahim al-Amine. En réalité, ce dernier ne fait que préparer le terrain à une campagne contre certaines familles d’Achrafieh dont les Sehnaoui, réputés pour leur soutien constant aux habitants d’Achrafieh dans toutes les circonstances. Il ne réalise peut-être pas que ce quartier est seulement protégé par ses habitants et par les forces de l’ordre.

Il ferme allègrement les yeux sur ce qui se passe ailleurs. Il n’a sans doute pas vu ni entendu parler, depuis des années jusqu’à ce jour, des " brigades de la résistance ", cette milice armée que le Hezbollah implante dans la banlieue sud de Beyrouth, de même que dans la majorité des quartiers de la ville. Qu’Achrafieh assure sa propre protection grâce aux " yeux " de ses habitants sans se soumettre au contrôle d’une quelconque milice ou brigade est sans doute ce qui l’a énervé.

Il n’a pas non plus vu ni entendu parler des 150 000 missiles, 100 000 combattants libanais et 25 000 jeunes hommes des brigades de la résistance qui répondent aux ordres de Haret Hreik et de l’Iran. M. Al-Amine ne voit que les initiatives réussies à Achrafieh, qu’il charge sans ménagement pour les beaux yeux du Hezb.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le rédacteur en chef d’Al-Akhbar essaie de légitimer le meurtre et de semer la discorde entre les communautés, les régions et la population. N’a-t-il pas été le premier à menacer les dissidents chiites en leur recommandant de " prendre garde à leurs têtes " ? N’est-ce pas lui qui a légitimé la mise à mort de Lokman Slim lorsqu’il avait déclaré que quiconque s’oppose à la résistance devrait être " maîtrisé et neutralisé jusqu’à ce qu’il ne puisse plus blasphémer" ? C’était écrit noir sur blanc dans son éditorial du 17 septembre 2012, intitulé : " Pas de place pour les traîtres parmi nous".

Ce même journaliste avait menacé de faire couler le sang chrétien dans un autre éditorial daté du 18 avril 2017, intitulé " À Aoun et à Nasrallah ! " dans lequel il avait écrit : " Nous avons le droit de faire de la provocation pour inciter les personnes, les enfants et les petits-enfants à vous haïr et à vous rejeter. Nous avons également le droit de les encourager à une confrontation décisive avec vous, sans pitié ni compassion, car apparemment, vous n’avez rien appris de la guerre civile ! "

À vrai dire, l’édito d’Ibrahim Al-Amine n’est rien d’autre qu’un pétard mouillé, lancé à partir de la rue Verdun jusqu’à Haret pour véhiculer le message suivant : " À vos ordres, mon Seigneur ".