Dans une brève allocution à l’ouverture du Conseil des ministres, le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a insisté sur le fait qu’il n’aurait pas convoqué son équipe démissionnaire à une réunion " s’il n’y avait pas le dossier médical ". Le gouvernement, rappelle-t-on, doit notamment débloquer des sommes dues aux hôpitaux pour que ces établissements puissent continuer à soigner des patients souffrant de maladies chroniques aux soins du ministère de la Santé.

" Si certains se cachent derrière la préservation de la Constitution et de la coexistence (pour contester la convocation d’un gouvernement démissionnaire en l’absence d’un chef de l’État), nous leur disons : celles-ci ne peuvent pas être assurées à travers la mort des gens. De toute façon, cela ne se produira pas tant que nous sommes là ", a-t-il ajouté, répondant ainsi à ceux qui ont critiqué son initiative, l’accusant d’outrepasser le texte de la Constitution et de chercher à accaparer le pouvoir.

" Nous avons pris les devants, conformément à la Constitution. Il nous est demandé d’adopter les décisions les plus difficiles sans que nous puissions bénéficier de la moindre coopération ", a déploré M. Mikati ; avant d’ajouter : " Nous sommes arrivés au point où il ne nous est plus possible de débloquer des fonds pour couvrir les frais de traitements des patients atteints de cancer et qui ont besoin de dialyse ". " Y a-t-il quelqu’un qui veut assumer la responsabilité d’un crime collectif à leur égard ? " s’est-il interrogé. " Si tel est le cas, que chaque partie assume alors ses responsabilités et les conséquences de ses actes. Pour notre part, nous ne sommes pas du tout prêts à contribuer, par omission, à un meurtre. Nous continuerons d’assumer nos responsabilités ", a lancé Najib Mikati qui a appelé à " élire un nouveau président de la République sans tarder, pour en finir avec ce problème ".

Si le Conseil des ministres a pu se réunir, c’est parce qu’il a réussi à assurer le quorum des deux tiers, avec l’arrivée de seize ministres au Sérail. Parmi eux, le ministre sortant de l’Industrie, Georges Bouchikian, poche du Tachnag, dont le nom figurait pourtant parmi les signataires du communiqué publié la veille, dimanche, par neuf ministres, proches du courant aouniste, qui avaient annoncé leur décision de boycotter la réunion du gouvernement.

Selon diverses sources concordantes, M. Bouchikian n’avait pas été consulté au sujet de ce communiqué et sa participation au Conseil des ministres repose sur une décision de son parti, qui se démarque du CPL sur plusieurs dossiers.

Najib Mikati, ainsi que Amal et le Hezbollah, favorables à une réunion du gouvernement pour régler plusieurs questions pressantes, avaient multiplié les contacts depuis dimanche afin d’assurer le quorum de la séance, qui se poursuit toujours, au Sérail.

Le ministre sortant des Affaires sociales, Hector Hajjar, également proche du CPL, a pris part à l’ouverture de la séance, pour communiquer aux personnes réunies, les réserves du courant aouniste pour qui un gouvernement démissionnaire ne peut pas se réunir en Conseil des ministres en l’absence d’un chef de l’État.