La réunion hebdomadaire du bureau politique du Courant patriotique libre, qui s’est tenue mardi en fin d’après-midi, a duré plus de cinq heures, sans que les cadres CPL ne puissent se mettre d’accord sur le nom d’un candidat à la présidentielle ou sur une approche sensée de ce dossier.

Après des semaines de gesticulations médiatiques, le chef du CPL Gebran Bassil n’a toujours pas réussi à prendre position avant la tenue de la prochaine séance électorale, le 19 janvier. Celle-ci était supposée se tenir demain jeudi, mais elle a été reportée d’une semaine en raison du décès de l’ancien président de la Chambre, Hussein Husseini. Les députés du bloc parlementaire du " Mandat fort " devront alors voter blanc, comme à leur habitude, faute de mieux.

Plusieurs raisons justifient ce pis-aller. Tout d’abord, les nombreuses divergences qui existent au sein du parti empêchent une entente sur une stratégie. Certains appuieraient la candidature de M. Bassil à la présidence de la République, alors que d’autres préféreraient avancer le nom d’un de leurs pairs qui pourrait avoir des chances d’accéder au palais de Baabda, ce à quoi le chef du CPL s’opposerait.

Plus encore, des échos circulent selon lesquels M. Bassil ne saurait plus où donner de la tête et hésiterait à choisir une personnalité capable de rivaliser avec les candidats en lice et à prendre le risque d’irriter le Hezbollah, son seul allié. " Nous sommes encore en pleine phase de pourparlers ", a indiqué une source proche du parti aouniste à Ici Beyrouth. " C’est une question qui nécessite une réflexion mûre et approfondie ". Interrogée sur l’initiative que le gendre de l’ex-chef de l’État voulait lancer au lendemain des fêtes de fin d’année, celle-ci a répondu que le parti orange doit prendre en compte plusieurs paramètres avant d’annoncer son soutien à un présidentiable. Elle est restée évasive sur les options qu’envisagerait le courant fondé par Michel Aoun.

Il n’est de secret pour personne que ce sont surtout les tensions avec le Hezbollah qui ont freiné les progrès du CPL au niveau de ce dossier, ce qui explique le cafouillage de Gebran Bassil. Embourbé dans une situation épineuse à laquelle il ne trouve – pour le moment – aucune issue, le chef du CPL se débat pour gagner la manche et s’imposer en tant qu’acteur incontournable de l’échéance présidentielle. La mauvaise posture de M. Bassil serait entre autres liée à son conflit avec le Hezbollah au sujet de la façon d’aborder le dossier de la présidentielle (Gebran Bassil reste farouchement hostile à la candidature de Sleiman Frangié, favori du Hezb, à la tête de l’État) et de la tenue de Conseils des ministres, soutenue par la formation pro-iranienne, en l’absence d’un président. Le CPL s’était fermement opposé à la dernière réunion du gouvernement.

Au cas où le CPL s’aviserait à soutenir nommément un candidat à la tête de l’État, sans l’aval de son allié, celui-ci risque de lui en faire payer le prix, non seulement en rejetant les suggestions que le député de Batroun aurait au sujet de la présidentielle, mais en soutenant de nouveau la convocation d’un Conseil des ministres. Pour le moment, le Hezbollah va dans le sens du CPL et ne s’est pas montré favorable à la tenue d’une deuxième réunion du gouvernement.

Face à cette impasse et à ce manque d’homogénéité, le CPL ne semble avoir d’autre choix que de se soumettre à la volonté de son allié, qui est celle de voter blanc. À moins que de nouvelles tractations aient lieu avant la prochaine réunion électorale…