Un mandat d’arrêt aurait été délivré, tard en soirée vendredi, selon diverses sources médiatiques, contre l’activiste William Noun, dont le frère Joe avait été tué dans la double explosion du 4 août 2020. William Noun a été interpellé par la Sécurité de l’État, en début d’après-midi. Il est détenu au poste de ce service à Ramlet el-Baïda où des proches des victimes de l’explosion au port de Beyrouth, des activistes et des députés de l’opposition se mobilisent en solidarité avec lui.

Le mandat aurait été délivré par l’avocat général près le parquet d’appel de Beyrouth, le juge Zaher Hamadé, pour avoir lancé des pierres et brisé des vitres du Palais de Justice lors du sit-in qu’ont observé mardi des proches des victimes de l’explosion. Mais il n’est pas clair quand le mandat en question a été émis, sachant que William Noun avait été invité, vendredi, à se rendre au poste de la Sécurité de l’État pour ce qu’il pensait être des échanges informels, a rapporté sa fiancée.

Un timing d’autant plus douteux qu’il avait déjà été convoqué par la police judiciaire, avec douze autres proches des victimes du 4 août 2020, pour être interrogé lundi prochain sur les dégâts occasionnés lors du sit-in devant le palais de Justice.

L’avocat de l’activiste a dénoncé "un piège tendu" à William Noun et demandé que "les autorités judiciaires soient justes".

Présents devant le poste de la Sécurité de l’État, le député Melhem Khalaf (contestation) et huit autres parlementaires ont annoncé qu’ils camperont sur place jusqu’à la remise en liberté du jeune activiste. Salim el-Sayegh, qui figure au nombre de ces députés, a assuré qu’il n’y avait aucun mandat d’arrêt contre William Noun et que le document avait été délivré une fois le jeune homme interpellé. M. Sayegh a, en outre, mis en garde contre "des mesures judiciaires qui seraient envisagées pour maintenir William Noun en détention jusqu’à lundi".

M. Sayegh a appelé la population à "se mobiliser contre cette répression". Un appel similaire a été lancé par plusieurs députés de l’opposition, dont le candidat à la présidentielle Michel Moawad, ainsi que Mark Daou et Razi el-Hajj. M. Moawad a dénoncé "des pratiques d’intimidation auxquelles la justice du pouvoir a recours", reprochant à celle-ci de "convoquer les parents des victimes de l’explosion au port pour interrogatoire à la place des personnes poursuivies dans le cadre de l’enquête".