Les expatriés pourront participer au choix des 128 députés lors des législatives de 2022. Leur vote ne sera pas limité à une seule circonscription ni à 6 représentants de la diaspora libanaise.

Les expatriés libanais contribueront au choix des 128 députés qui composent la Chambre, aux législatives de 2022, puisque le Conseil constitutionnel n’a pas pu se prononcer au sujet du recours en invalidation des amendements de la loi électorale, que le Courant patriotique libre (CPL) lui avait présenté, dont celui d’autoriser les Libanais de l’étranger à voter pour les 128 parlementaires au lieu de six seulement, les représentant dans les six continents. Ici Beyrouth sonde leurs réactions :
Marc Tuéni, porte-parole de " Meghterbin Mejtemiin " à Paris, un regroupement d’expatriés né avec les premières manifestations du 17 octobre 2019 et actif dans environ 40 villes du monde, se félicite du dénouement de la journée. " Nous avons atteint aujourd’hui l’un de nos buts ", commente-t-il, en allusion au fait que les Libanais de l’étranger vont pouvoir élire leurs représentants parmi les 128 députés de la Chambre et non pas seulement un député sur les six censés représenter la diaspora et prévus dans la loi initiale. " Il n’y a aucune différence entre les Libanais de l’étranger et les résidents. Si ces derniers votent en fonction de leur lieu d’inscription, les expats doivent jouir du même droit. L’égalité est stipulée dans la Constitution ", souligne-t-il avant d’ajouter : " Nous irons encore plus loin pour bientôt séparer le système juridique de l’influence politique, le libérer et le rendre indépendant ".
" Nous avons été habitués à voir les autorités et leurs représentants dans les hautes sphères de l’Etat aussi bien au niveau constitutionnel qu’au niveau juridique travailler derrière les rideaux, faire des magouilles entre eux pour arriver à leurs fins. Cette non-décision du Conseil constitutionnel va un peu à l’encontre de ces pratiques. A mon avis, les fricotages ne fonctionnent plus aussi facilement qu’avant, vu les divisions dans les rangs des anciens associés ", constate-t-il en allusion à la querelle entre le camp présidentiel et le tandem chiite, Amel et le Hezbollah.
Marc Tuéni estime aussi que les 225 mille expatriés inscrits sur les listes d’électeurs " peuvent influencer 13 à 17 coefficients électoraux " et désigne par hérésie le fait de leur consacrer seulement députés, " une hérésie qui ne peut servir que l’intérêt de la classe politique corrompue ". Pour plus de précision, il explique " Parlons chiffres. Les fonds personnels envoyés par les Libanais vivant à l’étranger représentent près de 20 % du PIB du pays. En limitant le droit de vote à seulement 6 députés sur 134, la classe dirigeante réduit le pouvoir politique de la diaspora à seulement 4%. "
Ferris Wehbé, président de " Our New Lebanon ", une organisation formée par des expatriés à Los Angelos et qui revendique un Liban démocratique et souverain, commente en ces termes la chute du recours en invalidation des amendements de la loi électorale : " Notre droit tout comme celui des citoyens résidents du Liban est de choisir nos représentants. Les élections ne sont qu’une phase transitoire de changement. Nous étions fermes dans nos demandes de voter pour contribuer au choix des 128 députés et nous avons constamment plaidé en faveur d’un comité indépendant de gestion des élections pour garantir que les politiciens corrompus ne puissent pas systématiquement accaparer comme de coutume les voix. Nous n’avons aucune confiance en la classe politique actuelle qui n’a pas permis au peuple libanais de diriger son pays. Nous n’allons pas nous arrêter avant que le Liban ne soit souverain, indépendant et avant d’avoir des députés respectueux et intègres, dont l’allégeance va au Liban et non pas à d’autres Etats. "