Les familles des victimes ont appelé, jeudi, les députés à effectuer un choix. " En tant que représentants du peuple, vous devez choisir votre camp. De deux choses l’une : soit vous vous placez dans nos rangs, soit vous vous positionnez du côté des criminels ", peut-on lire dans un communiqué qu’ils ont diffusé parallèlement à leur sit-in devant l’une des entrées du Parlement, jeudi. " C’est la raison pour laquelle nous avons demandé aux députés qui ont décidé d’être avec nous aujourd’hui de signer un acte d’engagement selon lequel la priorité devrait être accordée à l’enquête sur l’explosion du 4 août 2020, à l’amendement et à l’adoption des lois qui mettent fin au blocage de l’enquête et qui garantissent le principe d’indépendance de la justice ",

Les familles des victimes ont assuré que les noms des signataires de l’engagement seront publiés dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ils ont considéré que " quiconque ne se lancera pas avec nous dans cette bataille sera tenu pour responsable et complice dans le cadre de ce crime qui a détruit la capitale et tué nos proches ".

Parmi la liste de revendications énumérées dans le communiqué, les familles des victimes ont insisté sur deux éléments importants : d’une part, l’amendement des articles du Code de procédure pénale qui favorisent les abus du droit à la défense, auxquels ont recours les suspects, les coupables, les détenus et les repris de justice pour faire obstruction à l’enquête, à travers des recours ou des demandes de récusation non fondées. D’autre part, ils ont réclamé de mettre fin aux ingérences politiques dans le cours de la justice. Cela peut se réaliser, d’après eux, par l’amendement du Code de procédure civile et par la mise en vigueur de la loi sur l’indépendance de la justice.

" De la guerre libanaise à nos jours, nous avons toujours été régis par un système d’impunité. Jamais personne n’a été tenu pour responsable des crimes commis contre nous, les Libanais. Les coupables sont, au contraire, récompensés puisqu’ils sont élus et désignés à des postes sur le plan national ", lit-on dans le communiqué. Les familles des victimes ont rappelé la raison pour laquelle l’enquête est aujourd’hui suspendue : " c’est parce que des personnes telles que Ghazi Zeaiter, Ali Hassan Khalil, Nouhad Machnouk, Youssef Fenianos et autres ont présenté des recours contre le juge d’instruction Tarek Bitar et contre tout juge ayant compétence à statuer sur ces demandes ". Ils ont, dans ce sens, " empêché l’Assemblée plénière de la Cour de cassation de se réunir, en raison du refus du ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, de signer le décret des nominations judiciaires ". Ils ont également mis l’accent sur " les pressions que subit le Conseil supérieur de la magistrature pour qu’il nomme un suppléant au juge Bitar ".

Cette mobilisation des familles des victimes coïncide avec la onzième séance du Parlement pour l’élection d’un président de la République. Séance à l’issue de laquelle aucun président n’a été élu et à la suite de laquelle des députés des blocs des Forces libanaises, du Parti socialiste progressiste et dits du Changement ont rejoint les familles.