Causé par le boycottage chiite des réunions du gouvernement, le blocage politique qui aggrave la crise financière et socio-économique au Liban, s’est invité à la réunion du Conseil supérieur de défense, qui a été précédé d’un tête-à-tête entre le président libanais Michel Aoun et le Premier ministre Nagib Mikati. Le Conseil supérieur de défense a tenu mercredi matin une réunion au cours de laquelle il a décidé de prolonger la mobilisation générale sanitaire jusqu’au 30 mars 2022.

Michel Aoun qui a présidé cette réunion, est ainsi revenu à la charge à l’ouverture de la séance au sujet de la nécessité pour le Conseil des ministres de reprendre ses réunions, affirmant qu’il n’est pas tenu de signer seul n’importe quelle décision de l’Exécutif, " en présence d’un gouvernement légal en exercice ". M. Aoun a renouvelé ses critiques à l’encontre du tandem chiite, Amal et le Hezbollah, mais sans les nommer, en affirmant : " Le boycottage des réunions du Conseil des ministres est un acte volontaire de certains de ses membres, ce qui est inacceptable. Si ces derniers s’opposent à un sujet déterminé, il est possible de le régler dans le cadre des institutions. Chaque ministre doit réaliser la gravité de la situation ".

S’il a affirmé être d’accord avec le chef de l’Etat sur l’urgence d’une reprise des réunions du gouvernement, le Premier ministre Nagib Mikati a encore une fois tempéré, de peur d’un faux pas dont les conséquences directes seraient une aggravation de la crise politique et un retour du vide institutionnel, ce que le Liban, plongé dans une crise inédite, ne pourra pas supporter. Répondant au chef de l’Etat, M. Mikati a ainsi souligné qu’il est " fort à craindre qu’une convocation du Conseil des ministres ne débouche sur une implosion (de son équipe) que nous devons éviter en oeuvrant ensemble " pour un règlement. " Nous sommes tous lésés par le blocage qui persiste et nous espérons pouvoir convoquer prochainement le gouvernement. Ceux qui assument des responsabilités dans ce pays sont condamnés à œuvrer pour rapprocher les points de vue et non pas pour accentuer les divisions ", a-t-il dit.

Le Conseil supérieur de défense s’est penché sur différents sujets d’actualité et a donc recommandé une prolongation de la mobilisation générale jusqu’en mars prochain. Sauf qu’une telle décision doit être entérinée par le gouvernement pour être exécutoire, d’où la remarque du chef de l’Etat sur la signature de certaines décisions.

Au cours de cette même réunion, il a été demandé aux services de sécurité, dont les chefs étaient présents, de rester en état d’alerte pour préserver la stabilité durant la période des fêtes, alors que le taux de criminalité va crescendo avec l’aggravation de la crise socio-économique.

Le Conseil supérieur de Défense s’est penché sur le danger que risque de représenter le dépotoir de Naamé au sud de Beyrouth, en raison de l’émanation de gaz et a demandé au ministère de l’Environnement de suivre ce dossier. Il a été également question des silos de blé, partiellement détruits par l’explosion de nitrate d’ammonium au port de Beyrouth le 4 août 2020 et dont la partie encore debout commence à s’incliner, menaçant de tomber. Les ministères de l’Economie et des Travaux publics ainsi le Conseil de développement et de reconstruction (CDR) ont été priés de faire le suivi nécessaire.