La confrontation entre le camp de la "résistance", mené par le Hezbollah, et le camp souverainiste, mené par les Forces libanaises, s’intensifie. Selon certaines sources, le Hezbollah aurait décidé de détourner l’attention du blocage présidentiel pour s’en prendre à ses détracteurs qui évoquent une sorte de divorce à l’échelle nationale pour s’affranchir de l’influence du parti de Dieu. Et ces mêmes sources d’indiquer que le Hezbollah estime qu’une exacerbation du conflit dans cette direction rallierait, de facto, les sunnites et les druzes autour de lui sans pour autant induire un rapprochement des factions chrétiennes.

Une telle lecture de la situation est d’autant plus vraie que le Hezbollah a repris sa stratégie habituelle du bavardage rhétorique pour satisfaire un Courant patriotique libre incapable de lui faire face, ni sur le plan de la présidentielle, ni sur le plan gouvernemental, ni au niveau des autres dossiers où ils sont en désaccord.

D’ailleurs, la visite de la délégation du Hezbollah au quartier général du CPL, boulevard Mirna Chalouhi, s’inscrit dans cette logique. Selon les informations qui ont filtré, la délégation a tenté de convaincre Gebran Bassil d’accepter Sleiman Frangié comme candidat de l’axe, sachant que l’insistance sur la candidature de ce dernier ne précipitera pas le divorce, mais incitera M. Bassil à se livrer à davantage de surenchères.

Dans son duel avec les forces souverainistes, le Hezbollah ne semble pas vouloir calmer le jeu politique sur tous les fronts qu’il a créés. De plus, les grandes lignes du patriarche Béchara Raï et du métropolite Elias Audi n’auront aucun impact au-delà des portes de Bkerké et de l’archevêché orthodoxe de Beyrouth, et ne sont en aucun cas susceptibles d’arrêter le blocage de l’élection présidentielle qui fait partie de l’agenda du Hezbollah, dans un cadre plus large de la mainmise sur le pays.

Le camp souverainiste, en s’opposant au Hezb, rompt, quant à lui, tous les ponts, notamment le plus important, celui de l’unité nationale qui ne peut pas prévaloir quand un seul camp détient le pouvoir décisionnel et ne s’en défait pas, faisant fi de la liberté des autres parties qui sont, à leur tour, de plus en plus convaincues de la nécessité d’un divorce pour recouvrer cette liberté perdue.