Des représentants de la France, des États-Unis, de l’Arabie saoudite, du Qatar et de l’Égypte se retrouveront lundi à Paris pour des concertations sur les moyens de pousser la classe politique à briser le blocage qui enfonce le Liban dans la crise.

Paris accueillera lundi une réunion des représentants de la France, des États-Unis, de l’Arabie saoudite, du Qatar et de l’Égypte, consacrée au dossier libanais. Son objectif : inciter la classe politique libanaise à organiser une sortie de crise, a annoncé jeudi la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, pour que le Liban, sans président depuis octobre 2022, soit enfin doté d’un nouveau chef de l’État.

L’élection d’un successeur à Michel Aoun, capable de gérer un plan de redressement, avec une équipe ministérielle homogène, s’avère urgente alors que le pays s’enfonce dans une crise sans précédent et que la classe politique n’est préoccupée que par le maintien et la sauvegarde de ses intérêts.

Les participants examineront la situation au Liban et les moyens par lesquels des aides pourront être fournies aux Libanais, en plus du vide présidentiel, indique-t-on de sources diplomatiques. Ils chercheraient à proposer "un plan complet" qui prévoit, en plus de l’élection d’un président de la République, des moyens de sortir le Liban du gouffre dans lequel il est plongé et la mise en place de réformes. De quoi encourager les pays qui souhaitent secourir le Liban à leur emboîter le pas. Paris a également affirmé qu’il poursuit "la mobilisation des partenaires" pour sauver le Liban, saluant la coopération franco-saoudienne visant à "rallier les partenaires des pays du Golfe", dont les Émirats arabes unis, où la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, abordera le dossier libanais avec son homologue émirati.

Mme Colonna, actuellement en Arabie Saoudite, première étape d’une tournée qui doit également la conduire aux EAU " a marqué sa préoccupation très vive sur le blocage que connaît le Liban en matière politique ", a souligné Anne-Marie Legendre, lors d’un point presse au Quai d’Orsay.

La France a discuté avec ses partenaires saoudiens et ses autres partenaires de la région des moyens envisagés " pour inciter la classe politique libanaise à prendre ses responsabilités et favoriser une sortie de crise ", a-t-elle ajouté. " Cette approche fera l’objet d’une réunion de suivi lundi avec les administrations française, américaine, saoudienne, qatarienne et égyptienne afin de poursuivre la coordination avec nos partenaires et trouver les moyens d’avancer ", a également expliqué la porte-parole du Quai d’Orsay.

Le 23 décembre, le président français Emmanuel Macron avait estimé qu’il était nécessaire de " changer le leadership " du Liban et de " dégager " les responsables politiques qui bloquent les réformes, dans un entretien avec des médias.

Mme Colonna était arrivée à Riyad mercredi soir. De sources diplomatiques, on indique que la visite s’inscrit dans le contexte de l’amitié qui lie la France à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. La tournée de la ministre française reflète, selon les mêmes sources, " la volonté de Paris de renforcer son partenariat" avec ces deux pays, et sera l’occasion de passer en revue les relations bilatérales et les points chauds qui risquent de déstabiliser la région.

Paris pointe du doigt notamment la politique de déstabilisation menée par l’Iran, directement ou à travers ses agents dans la région, dont le Hezbollah, indique-t-on de mêmes sources. La France considère que les agissements de l’Iran  "portent atteinte à la sécurité de l’Europe, tout comme la stabilité au Moyen-Orient ne peut pas être dissociée de la sécurité européenne".

C’est dans ce contexte que le dossier libanais sera abordé dans les entretiens de Mme Colonna à Riyad et à Abou Dhabi. De mêmes sources, on souligne qu’à l’heure où le Liban "sombre dans le chaos", la responsable française a appelé la classe politique libanaise à "assumer ses responsabilités" et à faciliter l’élection d’un nouveau président de République. Avant même d’être interrogée sur son choix de candidat, elle a affirmé qu’elle "soutiendra tout candidat capable d’unifier les Libanais et de mettre en place les réformes nécessaires pour redresser la situation" particulièrement dégradée.

Des propos qui interviennent alors qu’au Liban, l’éventualité d’un appui à la candidature du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, à la tête de l’État commence à prendre forme. Un appui qui se manifeste, en plus de l’initiative du chef du PSP Walid Joumblatt (qui a avancé la candidature du général Aoun en même temps que celle de l’ancien député Salah Honein, et de l’ex-ministre Jihad Azour), par les visites successives de personnalités libanaises et de diplomates étrangers à Yarzé. Jeudi matin, c’est l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban, Walid Boukhari, qui a été reçu par le général Aoun. Une visite qui ne peut pas être située dans un cadre strictement protocolaire, dans la mesure où elle reflète un consentement saoudien indirect à la candidature du commandant de l’armée à la magistrature suprême, indique-t-on dans des milieux diplomatiques proches de l’opposition.

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