Les demandes soudaines de trouver une alternative politique à l’accord de Taëf, alors que la région est en ébullition et que les clivages sur la scène locale sont exacerbés, pose de nombreuses questions quant au timing et aux motivations politiques réelles qui sous-tendent ces demandes. De plus, une telle démarche pourrait mener le Liban vers une situation dangereuse et incontrôlable qui mettrait en péril son pluralisme et sa diversité.

Si les chantres de la théorie du "divorce" et de la "remise en cause du système" mettent en avant ces revendications dangereuses pour faire pression en faveur de l’application des articles de l’accord de Taëf qui ne sont pas encore mis en œuvre, c’est une chose. Et s’ils expriment ouvertement leurs pensées absurdes, voire destructrices, cela change tout!

Remettre cette question sur le tapis pour remédier aux dissensions politiques et inciter à l’application de l’accord de Taëf risque d’ébranler la situation actuelle et de provoquer un effondrement. Certes, il ne faudrait pas interpréter cette mise en garde comme une acceptation de la réalité déplorable et des multiples difficultés auxquelles font face les Libanais, dont la majorité vit sous le seuil de pauvreté!

Cependant, au lieu de remettre en question Taëf et d’aller vers l’inconnu, il serait plus pertinent d’œuvrer sérieusement à appliquer les articles de réformes essentiels, notamment ceux qui ont été bloqués sous la tutelle syrienne de longues années durant, afin d’induire un changement qualitatif dans la vie nationale et politique au Liban.

L’accord avait traité la question de la suppression du confessionnalisme politique et de la mise en place d’un Sénat qui pourrait représenter les différentes confessions, ce qui atténuerait leur peur de perdre leur représentation à la Chambre. Il s’agit de faire du Parlement un espace national accueillant, dans lequel la loi sera élaborée indépendamment des considérations sectaires et confessionnelles. Ce qui permettra de développer la société dans son ensemble et de l’affranchir des barrières sectaires.

De plus, l’accord avait traité la question de la décentralisation administrative élargie, sans mentionner la décentralisation financière qui est en réalité un fédéralisme déguisé, proposé par certains partis politiques qui agitent à l’occasion la question de la partition dans le but d’augmenter leur popularité et, du moins selon leurs propres vues, d’améliorer leurs conditions et leur position dans les négociations.

Les parties qui critiquent l’accord de Taëf devraient se concentrer sur l’application d’autres articles de cet accord, surtout que l’accord garantit la pérennité du Liban, son identité arabe, ainsi que le partage paritaire du pouvoir entre musulmans et chrétiens, qui est la quintessence même de l’accord. Partant, une nouvelle constituante tiendra-t-elle compte de ce principe, ou se basera-t-elle uniquement sur la donne démographique afin de la transposer dans la nouvelle équation politique?

N’est-il pas étonnant que les parties qui redoutaient l’accord de Taëf à la base, n’évoquent plus son amendement, alors que celles qui l’ont soutenu à l’époque le rejettent désormais et revendiquent une nouvelle constituante? Cela représente un jeu dangereux, car les contextes international et arabe ont évolué de manière significative depuis la signature de l’accord. En outre, le rapport de forces actuel se traduira par un renforcement de l’emprise de l’axe obstructionniste dans ses différents aspects.

Le Liban ne peut pas se permettre une telle équipée, alors qu’il est plongé dans une crise économique, sociale et vitale sans précédent qui frappe de plein fouet les Libanais. En réalité, si les Libanais veulent s’en sortir, ils devraient plutôt s’atteler à appliquer la Constitution actuelle et non pas la "saboter"!

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