En 2020, le Liban a offert au monde entier un spectacle apocalyptique: celui d’un pays en profond étiolement. C’est ce qui ressort de l’indice annuel établi par la Lebanon Renaissance Foundation (LRF) qui accorde au pays du Cèdre une moyenne de 2,2 sur 10 contre 3,2 en 2019. Un score déplorable, comparé à celui de la Norvège (8,4), pays de référence en la matière.
Pour établir cette moyenne, l’ONG, fondée aux États-Unis avec pour objectif d’évaluer les évolutions et régressions observées au Liban, se base sur 13 critères notés entre 0 et 10.
Selon cet indice intitulé " L’état de notre État ", la qualité du leadership politique arrive en 2020 au bas de l’échelle avec un score de 0,5 contre 1,4 en 2019, suivie de la capacité de résister à l’influence étrangère (1,2). Un mauvais score de 1,4 a également été accordé tour à tour au contrôle du gouvernement sur l’ensemble du territoire, au remboursement de la dette souveraine et à la transparence économique. Le meilleur score a été attribué à la tolérance religieuse et culturelle (4,4), suivie de l’efficacité de la société civile (4,3) et de la liberté d’expression (4,2). Une mauvaise note a aussi été attribuée à l’instabilité au cours des trois dernières années (1,9), le manque de confiance dans les institutions publiques (1,7), la sécurité personnelle des citoyens (2,7), la lutte contre la corruption (2) et l’État de droit (1,5).
Cette " sous-performance " de l’État libanais, comme le qualifie le rapport établi par la LRF, est doublée d’une " importante focalisation sur les intérêts tribaux et/ou individuels et sur les agendas sectaires ", ce qui a mené à un certain laxisme de la part des Libanais.
C’est contre cette désolation sur les plans économique et politique que la Lebanon Renaissance Foundation tente de lutter depuis sa création. " L’ONG, financée exclusivement par des Libanais établis au Liban et à l’étranger, s’efforce de faire en sorte que le Liban progresse vers une société libre, démocratique et ouverte, pleinement intégrée dans l’économie mondiale. Le but recherché est également que le citoyen libanais puisse mener une vie digne dans un État de droit ", déclare à Ici Beyrouth le directeur exécutif de la LRF, Fadi Bustros. Il souligne que dans cette optique, l’ONG " émet régulièrement des recommandations objectives et de grande qualité sur les questions politiques, sociales, éducatives et économiques, liées au Liban ".
Dans ce cadre, la LRF a mis en place depuis près de douze ans plusieurs projets susceptibles de renforcer le rôle des municipalités visant à éduquer le citoyen et à favoriser l’échange et le débat entre les jeunes cadres des partis politiques et ceux issus du mouvement de contestation du 17 octobre 2019 sur des sujets politiques, économiques et sociaux.
La mauvaise posture dans laquelle se trouve le Liban nécessite un véritable investissement pour arriver au changement qui, selon M. Bustros, devrait aboutir à l’objectif recherché lors des législatives de 2022 " si on arrive à associer tout le monde autour de la même cause, vu que, pour la première fois dans l’histoire du Liban, nous vivons une crise qui touche tous les citoyens, quelle que soit leur appartenance politique ou religieuse ". Un changement, oui, mais à quel prix?