Au gré des secousses politiques, le Liban vacille comme à la bourse… Il est devenu difficile de prédire les changements générés par le bras de fer entre les grandes puissances, qui se répercutera sur le pays, en fonction des intérêts de ces puissances-là …

C’est sous cet angle qu’il faudrait analyser la réunion du comité des cinq à Paris, organisée le 6 février pour discuter de la situation libanaise. Cette réunion avait regroupé de hauts responsables des Etats-Unis, de France, d’Arabie saoudite, d’Egypte et du Qatar. Bien que ses effets ne se fassent pas encore ressentir, l’impact de cette réunion pousse Téhéran à se radicaliser davantage, aujourd’hui plus que jamais, à l’égard des solutions ou des propositions internationales. Une telle attitude renforcerait la position de l’Iran vis-à-vis de la communauté internationale, notamment au vu de la détérioration de leurs rapports, causée par des changements successifs rapides.

Le premier changement dont se méfie l’Iran est relatif au séisme ayant frappé la Syrie. Cette catastrophe n’est pas comparable à celles qui pourraient toucher n’importe quel autre pays du monde. Et pour cause : ce séisme va au-delà de l’aspect humanitaire et revêt une dimension politique arabo-régionale, probablement européenne, dont le régime se servira pour transformer ses rapports avec les pays arabes avoisinants, voire peut-être plus que cela. Un virement de bord qui pourrait se répercuter sur le Liban, directement ou indirectement.

De même, force est de constater que le Premier ministre irakien, Mohammed Shia el-Soudani, porté au pouvoir par les forces pro-iraniennes, s’ouvre à présent à la communauté internationale et appelle l’Union européenne à soutenir son gouvernement dans sa lutte contre la corruption. Il invite de même Interpol à faciliter l’extradition des individus recherchés et lance une dynamique de collaboration sans précédent avec Washington. De toute évidence, ces positions pourraient inquiéter la république islamique.

Il serait intéressant aussi de se pencher sur l’escalade israélienne vis-à-vis de l’Iran et la condamnation de la République islamique par la communauté internationale, que ce soit pour sa politique répressive envers son peuple, ses armes nucléaires, ou son intervention en faveur de la Russie dans la guerre d’Ukraine, et les réactions de l’Europe et des États-Unis qui en découlent.

On ne peut pas passer sous silence, avec tous ces changements dans la région, les rumeurs relatives aux sanctions que les États-Unis imposeraient contre le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, démenties plus tard après que les informations ont atteint qui de droit. Ces changements ont coïncidé avec les décisions – quasi connues de tous, malgré l’absence d’un communiqué officiel – du comité des cinq réunis à Paris, relayées par les ambassadeurs des cinq États aux responsables libanais. Il en ressort que ces derniers doivent impérativement s’acquitter de leurs obligations constitutionnelles en élisant un président de la République et en formant un gouvernement capable de lancer les réformes nécessaires, sans quoi le Liban sera complètement isolé.

Peut-on désormais estimer que ces changements, à l’intérieur et à l’extérieur, marquent la fin de l’indulgence de la communauté internationale à l’égard de Téhéran qui avait, entre autres, permis la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël avec l’approbation du Hezbollah?

Bien qu’il soit impossible de prédire le cours que prendront les événements, la surenchère lancée par le Hezbollah, au nom de son maître iranien, en dit long. Le parti de Dieu est, en effet, passé maitre dans les attaques préventives contre ceux qui mettraient en péril l’axe de la "résistance", comme en témoigne le bras de fer autour des options devenues presque claires par rapport à l’échéance présidentielle et à la nécessité de former un gouvernement et de lancer des réformes.