Le président de la Chambre, Nabih Berry, ne convoquera pas les députés à une séance pour élire un président de la République avant d’être certain que le quorum sera atteint (soit 86 députés) et que le présidentiable sera en mesure de garantir un minimum de 65 voix.

Selon certaines sources proches de Aïn el-Tiné (résidence de Nabih Berry), les rumeurs circulant autour de l’opposition de l’Arabie Saoudite à l’élection du chef du parti des Marada, Sleiman Frangié, n’empêcheront pas le tandem chiite de le soutenir. Ces mêmes sources indiquent que la position saoudienne en question serait prise dans le cadre de négociations lancées portant sur le profil politique que le nouveau président devrait avoir et les attentes du peuple auxquelles M. Frangié pourrait, ou non, répondre.

Dans ce contexte, et selon les sources de Nabih Berry, les efforts pour élire un président de la République se poursuivent, curieusement, de manière soutenue à l’échelle internationale alors qu’au niveau local nous faisons du surplace. Bien que ces efforts n’aient toujours pas porté leurs fruits, l’intention y est, comme en témoignent les déplacements récents de l’ambassadrice des États-Unis à Beyrouth, qui a rendu visite à M. Berry à cette fin. Les informations fournies par ces sources indiquent que les Américains ne privilégieront, ou ne refuseront, aucun candidat à la présidence de la République, mais se tourneront plutôt vers le peuple libanais et ses aspirations, sachant notamment que le nouvel élu devra faire face à des échéances cruciales, telles que l’accord avec le Fonds monétaire international et l’extraction du pétrole et du gaz des eaux maritimes du sud, rendue possible grâce à l’accord de délimitation de la frontière maritime avec Israël.

Toujours dans la même veine, l’Arabie Saoudite a fait part de son refus de soutenir le candidat Sleiman Frangié au député et chef de la Rencontre démocratique, Taymour Joumblatt, précisant les multiples raisons de ce refus. Pour l’Arabie, qui considère les députés libanais responsables de leurs choix, l’élection de M. Frangié à la présidence ne changera rien à la situation, voire elle aura pour effet d’empirer la situation.

Selon ces mêmes informations, la position saoudienne serait devenue plus radicale sur ce plan et aurait déteint sur celle des autres États ayant participé à la réunion de Paris, dont les États-Unis, l’Égypte et le Qatar – à l’exception de la France, qui était la seule à proposer l’élection d’un président pro-Hezbollah et la nomination d’un Premier ministre de l’autre camp. Cependant, certains partis politiques libanais anti-Hezbollah, comme les Forces libanaises, ont qualifié la position française de "naïve". On aurait tendance à croire qu’elle proviendrait d’une partie libanaise peu expérimentée en termes de réalités politiques libanaises profondes – une partie qui ignorerait que ce genre d’initiative exacerberait la crise et pourrait creuser le fossé davantage, sans pour autant aboutir à une réelle coopération au niveau du pouvoir exécutif afin de sauver le pays et le sortir de son isolement.