Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, s’est prononcé pour l’élection d’un président " patriote et libéré de toute appartenance à un axe ou à une partie " quelconque, après avoir fustigé la classe politique. Il a dénoncé son " irresponsabilité ", alors que la présidentielle reste bloquée et que le bras-de-fer politique autour de cette échéance se corse.

Dans son homélie dimanche, à Bkerké, le chef de l’Église maronite est revenu à la charge contre une classe politique "concentrée sur ses propres intérêts ". " Il n’est toujours pas possible d’élire un président de la République, parce que, malheureusement, le conflit tourne autour de l’appartenance (de tel ou tel autre candidat) soit à ce qu’on appelle la Moumanaa (l’axe Iran-Syrie-Hezbollah) soit au camp souverainiste ", a constaté le patriarche pour qui la solution réside " dans l’élection d’une personnalité patriote, libérée de tout lien et de toute appartenance à un groupe ou à un axe ". " C’est ce genre de président dont le Liban a besoin pour qu’il puisse gagner la confiance du peuple et celle de la communauté internationale ", a estimé Mgr Raï. Il a considéré qu’une telle personnalité sera capable d’" être aux commandes pour suivre les réformes nécessaires et requises afin que le pays puisse bénéficier des aides régionales et indispensables ". Il a relevé que les deux députés qui poursuivent au Parlement leur sit-in, " ne font que rappeler ces priorités ", en évoquant Najat Aoun Saliba et Melhem Khalaf.

Il s’est de nouveau montré excessivement sévère à l’encontre des partis qui se servent du blocage pour faire imposer leur candidat, en fustigeant " un groupe politique dénué de tout sens de responsabilité et qui exerce la politique suivant ses propres intérêts ". " Chercher à faire prolonger le vide à la tête de l’État à des fins cachées en totale contradiction avec l’identité libanaise ne fait qu’aggraver le crime commis ", a martelé le patriarche, dans une allusion à peine voilée à la volonté du camp pro-iranien, que dirige le Hezbollah, d’imposer un chef de l’État qui lui soit totalement acquis. Il a fait état d’un " manque cruel d’hommes d’État au Liban ", en constatant que personne au sein de la classe politique " ne présente un programme sérieux de redressement, alors que le pays est engagé dans un effondrement et que les Libanais ploient sous le poids de la famine et de la crise ". " Nous sommes devenus comme les petits poissons que les grands mangent ", a-t-il regretté.

Le Hezbollah et l’équilibre interne

Les propos du chef de l’Église maronite sont intervenus pendant que des cadres du Hezbollah faisaient monter les enchères, reconnaissant ainsi implicitement que le maintien de l’équilibre politique qui prévaut actuellement dans le pays, et qui est en sa faveur, représente sa priorité. Sans le vouloir, un cadre du conseil central de la formation pro-iranienne, cheikh Nabil Kaouk, a ainsi donné raison à Mgr Raï, lorsqu’il a confirmé que son parti bloque la présidentielle à cette seule fin. " Notre priorité réside dans l’élection d’un chef de l’État qui puisse mettre fin à l’effondrement et sauver le pays alors que celle de la partie adverse est d’entraîner le pays dans une nouvelle aventure pour ébranler les équilibres internes (…) et régler des comptes politiques ", a-t-il dit, lors d’un meeting funèbre au Liban-sud, avant d’ajouter : " Mais nous ne sommes pas dans une position de faiblesse et nous ne sommes pas en 1982 pour que d’autres puissent imposer un président ou pour que celui-ci soit élu sous la pression de la faim et de la crise socio-économique ". En d’autres, pour le Hezbollah, la crise peut durer indéfiniment. Elle n’est pas une priorité.

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