" On ne peut pas parler de mainmise sur le Liban de la part d’un État extérieur ", estime le Premier ministre libanais.

Le président du Conseil, Nagib Mikati, a souhaité mardi un dialogue national " pour protéger les relations du Liban avec la communauté internationale et les pays arabes, de manière à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures et ne pas offenser les autres pays ", dans une allusion à peine voilée aux opérations militaires et attaques verbales virulentes du Hezbollah à l’encontre des pays du Golfe.

Au cours d’une conférence de presse au lendemain d’une allocution présidentielle où le président de la République Michel Aoun a proposé un dialogue sur trois points : stratégie défensive, décentralisation administrative élargie, relance économique, le Premier ministre a insisté sur la nécessité de ces discussions en y ajoutant un point essentiel: la neutralité du Liban vis-à-vis des pays de la région.

En juin 2012, alors que Nagib Mikati était Premier ministre, les principaux acteurs politiques libanais s’étaient déjà engagés, dans le cadre d’une conférence de dialogue nationale organisée sous l’égide du président de la République Michel Sleiman, à " tenir le Liban à l’écart de la politique des axes et des conflits régionaux et internationaux, et lui éviter les répercussions négatives des crises et des tensions régionales ", dans un texte intitulé la " Déclaration de Baabda ". Un accord qui n’a jamais été respecté par le parti pro-iranien, lequel s’est impliqué militairement et ouvertement dans la guerre en Syrie et qui n’a jamais cessé de s’ingérer dans les affaires des pays du Golfe et de s’en prendre à eux, notamment l’Arabie saoudite, ce qui avait mené à la démission de Nagib Mikati.

En réponse à une question sur l’influence iranienne sur le Liban à travers le Hezbollah, Mikati a assuré que ce dernier " est un parti politique libanais " et s’est contenté de dire qu’il ne pouvait " pas parler de mainmise sur le Liban de la part d’un État extérieur. "

Concernant le blocage gouvernemental qui dure depuis le 12 octobre, Nagib Mikati s’est désolé de ce " dysfonctionnement systémique " et a insisté sur le fait que " seule la Loi peut résoudre les conflits ", dans une allusion claire aux demandes du tandem chiite de démettre le juge Tarek Bitar, en charge de l’enquête sur la double explosion du 4 août 2020. " Je réitère mon appel à garder le pouvoir judiciaire en dehors des luttes politiques ", a réaffirmé le président du Conseil. Mais il refuse tout de même de convier ce dernier avant d’avoir trouvé une solution au blocage en amont, affirmant que " cela mènerait à un éclatement interne ". Le chef du gouvernement a aussi refusé de faire porter la responsabilité du blocage du Conseil des ministres au duopole chiite Amal-Hezbollah. Il a également assuré qu’il ne démissionnerait de son poste que si cette démarche ést une solution.

Nagib Mikati a par ailleurs pris la défense du Gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, en estimant qu’ " on ne change pas ses officiers en période de guerre ".

" Nagib Mikati ne sert que ses intérêts personnels "

Contacté par Ici Beyrouth, l’avocat et ancien membre du bureau politique du Courant du futur, Hassane Rifai, membre du conseil stratégique d’ *Ici Beyrouth ", n’a pas mâché ses mots à l’encontre de l’actuel Premier ministre: " Comme d’habitude, Nagib Mikati montre pattes blanches à tout le monde pour pouvoir rester au pouvoir et servir ses propres intérêts, tandis que lui et Michel Aoun gouvernent pour le compte du Hezbollah ". Me Rifai accuse également le chef du gouvernement d’avoir " violé la Constitution en acceptant de former ce gouvernement " et se demande si " cette politique chère à Mikati d’arrondir les angles l’a vraiment servi ".

Hassane Rifai a également confié s’attendre à une démission de Nagib Mikati, même si ce dernier affirme le contraire : " Il souhaite uniquement montrer qu’il est indispensable et que sa démission provoquerait un effondrement du pays. Ce ne sont que des calculs politiques qui oublient que le Liban est un pays démocratique et qu’en cas de démission, des consultations parlementaires auront lieu et qu’un autre Premier ministre sera désigné ".