Selon un diplomate faisant partie du cadre d’un pays ayant participé à la réunion des Cinq à Paris pour le Liban (États-Unis, France, Arabie Saoudite, Égypte et Qatar), il est illogique que certains responsables politiques libanais placent la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, à la présidence de la République – candidature prônée par l’axe obstructionniste – au même niveau que la candidature présumée du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun.

Le diplomate en question affirme d’abord dans ce cadre que le commandant en chef de l’armée ne s’est pas déclaré candidat à la présidence de la République et aucune partie n’a avancé officiellement et publiquement son nom, ce qui nécessiterait, le cas échéant, un amendement de la Constitution. Il n’en demeure pas moins que dans le contexte présent de la présidentielle, certains ténors politiques évoquent une telle option comme solution pour sortir le pays de la crise, d’autant que Joseph Aoun a su préserver l’institution militaire dans cette période critique de l’histoire du pays.

En outre, le diplomate précité relève que le commandant en chef de l’armée n’a pas œuvré à promouvoir son éventuelle candidature à la présidence, et que si son nom est évoqué, ce serait uniquement le fruit d’une entente avec les acteurs extérieurs. Force est de souligner en tout état de cause que si le général Joseph Aoun avait discuté de sa candidature avec les dirigeants libanais, notamment avec le président de la Chambre, Nabih Berri, celui-ci l’aurait sans doute avalisé.

Le diplomate en question met l’accent, dans un autre registre, sur le fait que la candidature de Sleiman Frangié est proposée et soutenue par le Hezbollah et le mouvement Amal. Ces deux formations font en sorte que le chef des Marada puisse assurer le nombre de votes requis, et ils lui sont aussi fidèles qu’ils l’ont été avec Michel Aoun, en adoptant le slogan "Frangié, ou pas de présidentielle". De plus, et toujours selon cette même source, M. Frangié œuvrait à accéder à la présidence depuis plusieurs années. Il aurait bien pu atteindre son objectif sur ce plan si l’accord de Meerab et le compromis entre Saad Hariri et Michel Aoun en 2016, béni par la France, n’avaient pas été conclus.

La même source déplore dans ce contexte l’action continue visant à ternir l’image du général Joseph Aoun, en essayant de l’accuser de corruption sur fond de dons adressés à l’armée, en notant que les pays donateurs avaient exigé l’acheminement des dons, financiers ou pas, en dehors de la routine administrative et gouvernementale, de peur qu’ils ne soient gaspillés ou mal alloués. Les pays concernés ont exigé que l’armée soit chargée de cette tâche, sachant que d’autres dons avaient été envoyés à l’institution militaire par des voies officielles, mais leur acheminement a duré deux ans.

En conclusion, le diplomate a souligné qu’à son avis, certaines factions libanaises s’opposent à un redressement de l’État ou de toute institution qui constitue l’un des piliers de l’État. Cela explique que l’armée fasse l’objet d’une guerre à outrance et d’une tentative de démembrement. Mais l’armée, à n’en point douter, ne laissera pas ces factions aller de l’avant dans leur complot, de même que les États donateurs n’accepteront pas que l’armée soit ébranlée eu égard aux circonstances présentes.