Bousculades et bombes lacrymogènes, place Riad el-Solh, où plusieurs centaines de manifestants s’étaient rassemblés mercredi matin, à l’appel de l’ancien député indépendant et général à la retraite Chamel Roukoz (ex-gendre de Michel Aoun), pour protester contre la détérioration de leur niveau de vie, avec la flambée incontrôlée du dollar.

La colère des manifestants était dirigée contre une classe dirigeante qui se distingue par son inaction et son indifférence totale à la misère dans laquelle ses politiques ont plongé les Libanais. Les protestataires ont essayé d’arracher les fils barbelés entourant le Grand Sérail pour pénétrer dans les bureaux de la présidence du Conseil, mais ils en ont été empêchés par la brigade anti-émeute. Des bombes lacrymogènes ont été lancées contre les protestataires dont la colère n’a fait que s’accentuer.

À quelques mètres de la place Riad el-Solh, des députés d’un Parlement – démissionnaire, au sens figuré du terme – étaient en train de débattre de la crise, des responsabilités et des règlements possibles, à la faveur d’une réunion conjointe des commissions parlementaires. Un débat qui frise le ridicule puisqu’un début de solution est de leur ressort. La mission principale de ces députés consiste au stade actuel à élire un président de la République et à lancer ainsi le processus qui doit permettre à l’État de fonctionner à nouveau normalement. Mais c’est sans doute trop demander à une Chambre dont l’une des composantes bloque la présidentielle à des fins en rapport direct avec ses intérêts partisans.

La colère des manifestants était d’ailleurs orientée contre les parlementaires. La députée Paula Yacoubian, qui avait rejoint les rangs des manifestants en tentant de se positionner comme actrice de l’opposition, a été brutalement repoussée par les protestataires. Son jeu ne les a pas dupés.