Le chef du CPL, Gebran Bassil, a mis en garde contre une marginalisation des chrétiens au niveau de la présidentielle, dans un discours qu’il a prononcé lors d’une visite partisane à Jezzine.

C’est une visite à caractère éminemment partisan que le fondateur du CPL et ancien président, Michel Aoun, et le chef de ce parti, Gebran Bassil, ont effectué dimanche à Jezzine, le caza où ils avaient essuyé une double défaite. Ils y avaient perdu aux législatives de mai 2022 et des cadres CPL de Jezzine leur avaient tourné le dos lorsqu’ils avaient lancé leur campagne directe contre le commandant en chef de l’armée, le général joseph Aoun, à l’expiration du mandat de Michel aoun.

Cette visite s’inscrit donc aujourd’hui dans le cadre d’une volonté des deux chefs du CPL de resserrer les rangs de leur parti après les secousses qu’il a subies.

En marge de la messe en l’église Saint-Maron de Jezzine, à laquelle Michel Aoun et son épouse, Nadia, ainsi que Gebran Bassil ont assisté, un meeting partisan a été organisé. L’occasion pour le chef du CPL de revenir sur les législatives de mai 2022 au cours desquelles non seulement son parti avait laissé des plumes, mais sa cohésion avait été fortement ébranlée, à la faveur de querelles violentes entre des cadres et candidats, notamment Ziad Asouad et Amal Abou Zeid. Il a abordé ce dossier sous le thème de l’unification des rangs du CPL, mais en multipliant les messages à l’adresse de ses détracteurs, notamment M. Asouad, sans toutefois le citer, lorsqu’il a indiqué que " ceux qui comptent rester membres du parti doivent se plier à ses règles, sinon ils feraient mieux de partir ".

L’occasion aussi pour le chef du CPL de réaffirmer ses positions par rapport aux questions d’actualité, notamment la présidentielle et le dossier des réfugiés syriens. Gebran Bassil a implicitement réitéré son opposition à la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, soutenue par le tandem Amal-Hezbollah, à la tête de l’État, tout en soulignant "son " attachement au partenariat national " au nom duquel il a plaidé pour " une entente autour d’un candidat qui illustre ce partenariat ". Celui-ci, doit être, selon lui, " fort et bénéficier de l’appui de la population. " Si cette personnalité n’a pas d’assises populaires directes, un appui parlementaire consistant peut lui assurer cette légitimité ", a-t-il soutenu, avant de lancer un nouvel appel aux forces actives chrétiennes pour une entente sur un candidat à la tête de l’État, " afin de barrer la voie à un président imposé par l’étranger ".

Dans ce contexte, il a mis en garde contre " une marginalisation des chrétiens " dans le choix d’un nouveau chef de l’Etat et écarté dans le même temps, la possibilité qu’un compromis, fruit du rapprochement irano-saoudien, ouvre la voie de Baabda à une personnalité qui ne serait pas soutenue par les principales forces chrétiennes du pays. " Le résultat de ce compromis, décidé sans nous, serait boiteux et ne tiendra pas ", a averti le chef du CPL, qui a critiqué indirectement la polémique dans laquelle sont engagés depuis deux jours, par médias interposés, les Forces libanaises et les milieux de la présidence du Parlement, autour de la présidentielle.

Dans deux communiqués consécutifs, les FL, ainsi que certains de leurs députés, notamment Ghassan Hasbani, ont accusé le président de la Chambre, Nabih Berry, de " manœuvrer " en faisant croire que l’accession de Sleiman Frangié à la tête de l’État est pratiquement acquise et que Paris a réussi à convaincre Riyad et à Washington de l’opportunité de son élection. Ce à quoi des proches de Aïn el-Tiné ont réagi vivement. Un député du bloc Berry, Hani Kobeyssi, ainsi que le mufti jaafari, cheikh Ahmad Kabalan, ont rejeté ces propos et appelé de nouveau l’opposition à un dialogue autour de la présidentielle, lui reprochant un " durcissement de position, responsable du blocage ".

La présence syrienne, selon Bassil et Aoun

Pour ce qui est par ailleurs du dossier syrien, Gebran Bassil a fait état d’une instrumentalisation de la présence syrienne au Liban, depuis le début de la guerre en Syrie en 2011. Il a appelé à profiter du rapprochement en cours entre Riyad, Téhéran et Damas pour obtenir un rapatriement " sécurité et dans la dignité " des Syriens installés au Liban.

Il a ensuite mis en garde contre les conséquences de la campagne menée actuellement, selon lui, contre les réfugiés syriens.

L’ancien président Michel Aoun, a également abordé ce sujet, en reprochant à des puissances occidentales d’avoir " imposé au Liban d’accueillir des centaines de milliers de réfugiés de Syrie ". Il a dénoncé ainsi " un complot fomenté contre le pays ", estimant que " la plupart des États européens ne veulent pas des déplacés syriens ".

M. Aoun a en outre rappelé qu’il avait, sous son mandat, " régulièrement mis en garde les gouvernements successifs, contre la présence massive " de ces derniers au Liban. " Le déplacé syrien s’est installé confortablement dans notre pays, lorsqu’il a fui une situation de sécurité dans le sien. Il ne s’agit donc pas d’un réfugié politique. Certains États veulent cependant nous obliger à considérer ce déplacé comme étant un réfugié politique, ce qui est un mensonge et de l’effronterie ", a-t-il lancé.