Présidentielle: consensus, fumée blanche ou report?

Cette semaine s’annonce décisive pour l’élection présidentielle, constituant la dernière ligne droite avant la séance électorale prévue le jeudi 9 janvier. Les discussions et les consultations s’intensifient en vue d’élire un président de la République, afin de mettre fin à la vacance présidentielle qui dure depuis plus de deux ans.

Les spéculations vont bon train quant à la probabilité d’élire le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, lors de cette séance. Dans ce contexte, un député ayant rencontré l’émissaire saoudien, le prince Yazid ben Farhane, a affirmé que le Royaume est disposé à se rapprocher du Liban, mais que cet engagement est conditionné par l’issue de l’élection présidentielle.

Selon ce député, l’émissaire saoudien n’a pas évoqué de noms de candidats spécifiques. Par ailleurs, Yazid ben Farhane aurait souligné que son pays privilégie l’élection d’un président capable de reconstruire l’État, de respecter l’Accord de Taëf et l’identité arabe du Liban. Le futur président devra également, selon lui, œuvrer pour les réformes et lutter contre la corruption.

Parallèlement, des sources politiques citées par le journal Al-Liwaa ont indiqué que cette semaine serait déterminante pour la présidentielle. Les échanges auraient été renforcés de manière inédite, selon les mêmes sources, et se poursuivraient en vue d’aboutir à un accord définitif, tout en laissant ouverte la possibilité d’un report si ces démarches échouaient. Les efforts saoudiens concernant la présidentielle, lesquels convergent avec la position américaine en faveur de la finalisation de cette échéance, sont particulièrement remarquables, d’après les mêmes sources. Les résultats devraient se concrétiser dans les prochaines heures, bien que des facteurs internes continuent de peser. Partant, plusieurs scénarios sont envisageables lors de la séance du 9 janvier: un consensus et la fumée blanche ou un report de séance, avec la possibilité de voir de nouveaux candidats se présenter.

D’un autre côté, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdel Ati, a insisté sur l’importance de parvenir à un consensus libanais pour mettre fin à la vacance présidentielle “sans ingérences extérieures”. Il a tenu ces propos lors d’un entretien téléphonique avec son homologue libanais, Abdallah Bou Habib.

Le député Achraf Rifi a, pour sa part, déclaré qu’à la suite de la visite de l’émissaire saoudien, la probabilité de voir le général Joseph Aoun élu président lors de la séance du 9 janvier a atteint 80%. Dans une interview accordée à la chaîne Al-Hurra, il a précisé que la délégation saoudienne n’a pas mentionné de noms spécifiques, mais s’est plutôt concentrée sur les critères de sélection. Il a également évoqué une prochaine rencontre entre le général Joseph Aoun et Samir Geagea, leader des Forces Libanaises (FL). M. Rifi a aussi indiqué qu’aucun nom n’a été proposé pour le poste de Premier ministre, soulignant que ce dernier ne serait pas issu de l’ancienne classe politique corrompue.

Selon des informations du quotidien An-Nahar, M. Geagea ne soutiendrait pas la candidature du général Joseph Aoun en l’absence d’un consensus sérieux, impliquant notamment le chef du Parlement, Nabih Berry, et ses alliés. Par ailleurs, le leader des FL ne prendrait pas le risque de perdre son candidat dès le premier tour, laissant ainsi aux autres factions la possibilité de se préparer pour le second tour. Si aucun consensus n’émerge sur un autre nom, les FL mèneront la bataille pour leur candidat qui pourrait réunir 65 voix avec le soutien de leurs alliés, sans pour autant révéler son nom avant la séance.

De son côté, le député Bilal el-Hachimi a estimé que la situation politique reste floue, n’ayant pas atteint “la maturité requise”, à trois jours de la séance électorale. Dans une déclaration au média Al-Anbaa, il a affirmé que les députés sunnites sont toujours en phase de consultations et n’ont toujours pas pris de position définitive à l’instar d'autres blocs parlementaires. Selon M. Hachimi, ils attendent les résultats des contacts menés par les émissaires saoudien et américain, le prince Yazid ben Farhane et Amos Hochstein, avant de proposer des noms de candidats.

Pour rappel, M. ben Farhane, arrivé à Beyrouth vendredi soir, a rencontré plusieurs figures politiques clés, à savoir Nabih Berry, les anciens Premiers ministres Fouad Siniora et Tammam Salam; le patriarche maronite, Béchara Raï; le chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil; le chef des FL, Samir Geagea; et le chef des Kataëb, le député Samy Gemayel, ainsi que des membres du Bloc national indépendant, dont les députés Farid el-Khazen, Tony Frangié, William Tawk et Michel el-Murr.

Il s’est également réuni avec les députés sunnites à Yarzeh, en présence de l’ambassadeur saoudien Walid Boukhari. Ce dernier a réaffirmé les relations solides entre le Liban et l’Arabie saoudite, exprimant le souhait du Royaume de voir le Liban recouvrer pleinement sa souveraineté et ses institutions, à commencer par la présidence de la République. Il a aussi rappelé la coordination constante avec les autres pays membres du Quintette (États-Unis, France, Égypte et Qatar).

L’émissaire saoudien a également précisé que le Royaume ne pouvait traiter avec un président élu sur la base de compromis et de quotas, soulignant que des décisions seront prises à l’issue des réunions menées par l’ambassadeur Walid Boukhari.

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