L’État libanais tente de mettre de l’ordre au niveau de la présence de réfugiés et de déplacés syriens au Liban et, surtout, de barrer la voie aux abus qui caractérisent ce dossier. Une initiative qui intervient avec un retard de douze ans, certes, mais qui reste indispensable au vu de tous les enjeux démographique, économique et humanitaire liés à ce dossier.

Mardi, le ministre sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, a adressé à tous les mohafez un mémorandum dans lequel il annonce le lancement d’une campagne nationale de recensement et d’enregistrement des réfugiés syriens. Il leur a demandé de " le généraliser à leur tour à tous les caïmmacams, les conseils municipaux et les moukhtars ".

Une série de mesures sont prévues dans le cadre de cette campagne. Non seulement, M. Maoulaoui demande aux élus locaux " d’enregistrer tous les déplacés syriens installés dans le périmètre des régions qu’ils représentent ", mais il interdit formellement aux moukhtars " d’entreprendre des formalités en leur faveur ou de leur délivrer des documents officiels, avant qu’ils ne soient dûment enregistrés ".

Dans le même ordre d’idées, les propriétaires de bienfonds sont expressément priés de " ne pas louer un local à un déplacé syrien, avant de s’assurer que ce dernier est enregistré auprès de la municipalité et qu’il est détenteur d’un permis de séjour valide ".

Parallèlement, le ministère exige " un recensement de tous les établissements et commerces gérés par des déplacés syriens pour s’assurer qu’ils ont les permis requis par la loi.

M. Maoulaoui a en outre adressé un autre mémorandum au ministère de la Justice, pour lui demander de notifier les notaires de la nécessité de " s’assurer qu’un déplacé syrien est enregistré auprès d’une municipalité avant de lui signer un document ou un contrat quelconque ".

Dans le même temps, M. Maoulaoui a exhorté le HCR de " clore les dossiers des déplacés syriens qui regagnent volontairement leur pays et de ne pas les rouvrir si ces derniers choisissent de retourner au Liban ". Il l’a invité à " faire comprendre aux déplacés syriens qu’une carte de réfugié ne peut pas être considérée comme un permis de séjour " et à remettre à la direction de la Sûreté générale, " la liste détaillée des données des déplacés syriens " enregistrés auprès de lui.

Ces mesures sont prises alors que le dossier de la présence massive de réfugiés syriens au Liban fait polémique dans le pays, en proie à une crise inédite depuis 2019.