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Le Hezbollah ne rate aucune occasion pour réitérer son attachement à la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, à la présidence de la République. Le secrétaire général adjoint du Hezb, Cheikh Naim Kassem, a déclaré récemment sur ce plan: "Nous soutenons un candidat ayant l’aval d’un grand nombre de députés, à savoir l’ancien ministre Sleiman Frangié… Le pays a le choix entre deux candidats : l’un, sérieux et l’autre représentant la vacance… ".

En face, il semble que le camp opposé à l’accession de Frangié à la Magistrature suprême compte dans ses rangs des parties politiquement influentes. À leur tête, le bloc de la "République forte" (Forces libanaises) et le "Liban Fort" (Courant patriotique libre). Ces deux blocs ont leur poids dans la Chambre que nul ne conteste, au Parlement ou dans la vie politique.

L’on est en passe de se demander sur quoi se base le Hezb pour soutenir Frangié qui jouit d’une popularité importante en dehors de la communauté chrétienne.

Certains médias proches du Hezb parlent d’un plan d’action sur le long terme, similaire à celui adopté par le Hezb lors de la vacance présidentielle de mai 2014 à la fin du mandat de Michel Sleiman. Cette vacance a duré jusqu’à fin octobre 2016 avec l’arrivée de Michel Aoun à Baabda. Pour rappel, la dernière vacance a duré deux ans et cinq mois, alors que la présente ne dure que depuis moins d’un an ; il est, par conséquent, encore tôt pour soulever ce problème.

Le secrétaire exécutif du Hezb, Hachem Safieddine, reconnait indirectement la différence dans les périodes de vacance en déclarant : "Le Liban traverse aujourd’hui une période critique. Il n’est pas seulement bloqué, mais passe de la phase de crise à celle du chaos total". Pour autant, le parti ne se rendra pas dans l’immédiat au Parlement pour prendre part à une éventuelle séance ouverte pour l’élection d’un nouveau président parmi les candidats éventuels si le vainqueur n’est pas Frangié. En effet, la décision au plus haut niveau du Hezb est de ne pas se rétracter et d’insister sur Frangié, même au prix d’une vacance indéterminée".

Selon les prévisions du Hezb, quelle serait la durée approximative de la vacance actuelle ?

Des médias proches du Hezb répondent que la vacance actuelle pourrait s’étendre jusqu’à l’année prochaine avec l’émergence de nouveaux enjeux régionaux, notamment dans le cadre du dialogue entre Téhéran et Riyad, actuellement axé sur le dossier yéménite. Par conséquent, il semblerait que le choix de Frangié restera de mise jusqu’à ce que ce dialogue aboutisse. Si besoin est, l’option d’un autre candidat sera prise en compte.

Par ailleurs, ces sources proches du Hezbollah utilisent l’expression "redistribution des cartes" pour signifier que le Hezb pourrait remplacer la candidature de Frangié en fonction d’enjeux plus importants.

De son côté, Frangié n’a pas attendu la position finale du Hezb et s’est rendu à Damas il y a quelques jours pour une visite non officielle qualifiée de "visite familiale". Il y a rencontré Bachar el Assad en compagnie de leurs épouses respectives. Un proche du régime syrien a affirmé que Assad a écouté Frangié lui relater les dernières données liées à sa candidature, bien qu’elle n’ait pas encore été officialisée. Il a également fait état du soutien de Moscou à sa candidature, à en croire le représentant spécial du président russe pour le Moyen-Orient et l’Afrique, le vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhail Bogdanov. Il a ensuite demandé à Assad son avis sur la question, à la lumière du rétablissement des relations bilatérales entre Damas et Riyad. Assad a alors conseillé à Frangié de ne pas maintenir sa candidature dans le contexte actuel, ajoutant : "J’estime que les conditions ne sont pas favorables au retour de Damas dans la Ligue arabe. En effet, une telle démarche nécessite le respect de certains engagements que je ne trouve pas bénéfiques pour nous. En fait, ce qui nous avantagerait, ce serait de nous concentrer sur les relations bilatérales, faisant allusion à l’Arabie Saoudite, à l’instar des relations rétablies avec les Émirats Arabes Unis". Mais c’était avant la décision de la Ligue de réintégrer la Syrie dans l’organisation panarabe.

Assad aurait conclu son entretien avec Frangié en l’incitant à se retirer de la course présidentielle au Liban, tout en lui laissant la latitude de prendre la décision finale.

 

 

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